Lancé en grande pompe en 2012 comme levier de transformation agricole, le Programme Agropole devait structurer des chaînes de valeur agro-industrielles sur tout le territoire. Objectif initial : 300 agropoles à l’horizon 2025, avec un financement public et privé conjugué. Mais treize ans plus tard, moins de 40 projets ont réellement été opérationnels, pour un impact encore très limité.
Doté d’une enveloppe de plus de 60 milliards de FCFA depuis sa création, le programme s’est heurté à des retards de décaissement, des malfaçons dans les aménagements, et une faible implication du secteur privé. Plusieurs projets pilotes – manioc à Sangmélima, maïs à Monatélé, pisciculture à Kribi – n’ont pas survécu au départ de l’appui étatique.
Dans un rapport de 2023, la Cour des comptes dénonçait un pilotage instable, des études de faisabilité bâclées, et une absence de mécanisme d’évaluation d’impact. Certains promoteurs, désignés sans appel d’offres, ont détourné les équipements ou abandonné les installations.
Malgré cela, quelques poches de réussite existent, comme dans le riz à Ndop ou le piment dans l’Adamaoua, où des coopératives bien encadrées ont su intégrer les marchés régionaux.
Mais globalement, les agropoles n’ont pas tenu leur promesse de modernisation. La Cour des comptes recommande une révision stratégique complète du programme, en recentrant les moyens sur des filières à forte valeur ajoutée et des bénéficiaires crédibles.
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