Alors qu’elle cherche à s’imposer comme un acteur financier stratégique au Cameroun, la CDEC a confié à l’international‑britannique Moore Stephens les études préparatoires d’une future filiale bancaire, pour un contrat de 96,5 millions de FCFA – un signal fort pour le secteur.
L’appel d’offres et les contours du projet
Le 4 juin 2025, la CDEC a lancé un appel d’offres national restreint, en procédure d’urgence, afin de choisir un cabinet chargé d’élaborer les « études de création » de sa future banque. Le marché a finalement été attribué à Moore Stephens CA, pour un montant de 96,5 millions de FCFA. Le prestataire aura quatre mois pour livrer son rapport.
L’étude devra définir le cadre juridique et réglementaire de la future filiale, concevoir un modèle économique et financier viable, et proposer une gamme de produits et services adaptés au contexte camerounais : prêts à long terme, garanties, crédit‑bail, financements innovants…
Pourquoi une banque ? Quelle ambition pour la CDEC ?
La démarche marque un tournant pour la CDEC, qui est institutionnellement chargée de « collecter, sécuriser et valoriser les ressources financières publiques et privées » au Cameroun. En créant une filiale bancaire, la Caisse cherche à :
faciliter l’accès au financement des petites et moyennes entreprises (PME), notamment celles impliquées dans des marchés publics ;
soutenir l’État, les collectivités territoriales et les projets d’infrastructure en mobilisant des fonds à long terme ;
renforcer sa propre autonomie opérationnelle dans un secteur bancaire camerounais composé de 19 établissements agréés.
Enjeux, freins et perspectives
Le projet s’inscrit dans un contexte de modernisation du système financier camerounais et d’augmentation des besoins de financement. Toutefois, des défis subsistent :
Absorption par la CDEC : bien que créée en 2008, elle n’était devenue opérationnelle qu’en 2024.
Transfert des fonds dormants : à fin avril 2025, seulement ~21 % des 400 milliards de FCFA attendus ont été transférés à la CDEC.
Coordination avec les régulateurs bancaires (notamment la Commission bancaire d’Afrique centrale – COBAC) et les acteurs existants du secteur.
Si tout se passe selon le calendrier, la future banque pourrait voir le jour d’ici la fin de l’année prochaine après validation des études. Le lancement officiel n’a toutefois pas encore été annoncé.
Le projet de la CDEC constitue donc un signal fort pour la place financière camerounaise : un nouveau modèle de financement, un acteur public déterminé, et un partenariat international pour poser les fondations techniques. Il reste à voir comment il sera mis en œuvre.
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