La Conférence des Chefs d’État est l’instance suprême de décision de la Cemac. Au menu du prochain Sommet, l’encadrement de la politique budgétaire, l’établissement d’un mécanisme de surveillance des dettes souveraines, le renforcement de la surveillance multilatérale, le point sur les projets intégrateurs, le retour de la Commission à Bangui, la nouvelle coopération monétaire avec la France, etc.
La capitale de le République centrafricaine (RCA) se fait sa toilette. Elle va accueillir des hôtes de marque dans les prochains jours. Des sources proches de la présidence de la RCA confirment la tenue prochaine d’un sommet ordinaire des Chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Ce qui témoigne de l’engagement de la Cemac à renforcer l’intégration régionale et à promouvoir le développement économique et social de ses États membres. La date de l’évènement n’est pas encore rendue publique.
C’est dans ce cadre que le président de la République Centrafricaine, Son Excellence le Professeur Faustin Archange Touadera, en sa qualité de Président en Exercice de la Conférence des Chefs d’Etat de la Cemac, a reçu le président de la Commission de la Cemac, Baltasar Engonga Edjo’o, le 24 mars 2025 à Bangui. Cette rencontre a permis d’évaluer l’état d’avancement de l’organisation de cet évènement majeur et de s’assurer que toutes les conditions sont réunies pour sa bonne tenue.
« Il est de notre devoir de tenir informé le Président en Exercice de la Conférence des Chefs d’Etat des avancées et des défis liés à l’organisation de cette conférence », a déclaré Baltasar Engonga Edjo’o, à la sortie de son audience avec le Professeur Faustin Archange Touadera. « Nos échanges de ce matin avec le Comité d’organisation et la Commission Mixte ont été fructueux, et nous avons pu aborder des sujets cruciaux pour la Communauté », a-t-il ajouté face à la presse, sans donner plus de détails.
Bilan à mi-parcours
A tout le moins, cette session va évaluer le niveau d’exécution des résolutions de la session extraordinaire tenue le 16 décembre 2024 à Yaoundé. Réunis au Cameroun, les chefs d’État ont adopté des mesures « nécessaires et urgentes » à prendre pour faire face aux déséquilibres budgétaires et au besoin de financement des déficits actuels afin d’éviter un décrochage économique. Les principales recommandations issues de cette réunion incluent :
pour ce qui est du renforcement de la viabilité de la dette publique : la réduction progressive de la dépendance aux financements non concessionnels pour limiter l’exposition aux risques liés aux fluctuations des taux d’intérêt et du marché des devises ; la mise en place une stratégie régionale de reprofilage de la dette, en consolidant les emprunts à des conditions plus favorables ; la priorisation des financements concessionnels auprès des institutions multilatérales telles que la Banque mondiale, le FMI et la Banque africaine de développement (BAD).
Pour ce qui est de l’optimisation des finances publiques et la mobilisation des recettes internes : l’accroissement de la transparence budgétaire et l’efficacité de la gestion des dépenses publiques pour renforcer la confiance des investisseurs ; l’intensification de la mobilisation des recettes fiscales grâce à une lutte plus stricte contre la fraude et l’évasion fiscale ; l’harmonisation fiscale au sein de la Cemac, afin de créer un environnement économique plus attractif et compétitif.
S’agissant de l’amélioration du cadre institutionnel et le renforcement de la discipline budgétaire : le renforcement du rôle de la Banque Centrale et des Trésors Publics dans la régulation des politiques d’endettement ; l’établissement d’un mécanisme de surveillance des dettes souveraines au sein de la Cemac, permettant d’anticiper les risques de surendettement ; encourager les États membres à limiter le recours aux emprunts commerciaux à des conditions défavorables et à se concentrer sur les projets à forte rentabilité économique.
La dette de tous les dangers
En somme, chaque pays doit aligner sa stratégie d’endettement avec les recommandations régionales pour garantir la soutenabilité de sa dette publique. En effet, dans la région de la région Cemac, l’amélioration progressive de l’activité économique (2,7 % de croissance en 2024) est tempérée par un endettement toujours élevé, avoisinant 55 % du PIB en moyenne. Malgré la baisse de l’inflation (4,4 % en 2024), la dette demeure un facteur limitant, nécessitant une gestion prudente pour assurer une croissance durable.
D’autres dossiers plus anciens devraient également être à l’ordre du jour. Il s’agit par exemple de la nouvelle coopération monétaire avec la France dont le dossier a été confié à la Beac et à la commission de la Cemac depuis le sommet extraordinaire du 22 novembre 2019 à Yaoundé ; le rapatriement diligent des recettes d’exportation par les entreprises du secteur extractif ; le retour effectif de la Commission à Bangui, son siège statutaire ; le financement de la Commission, des institutions, organes, organes spécialisées et agences d’exécution de la Cemac à travers la réforme de la Taxe communautaire d’intégration (TCI) ; l’évaluation de l’exécution des projets intégrateurs et l’harmonisation de la position de la Communauté par rapport aux candidatures des ressortissants de la Cemac aux élections dans les organisations continentales et internationales.
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