Longtemps dépendant de son pétrole, le Gabon mise désormais sur ses vastes forêts tropicales pour diversifier son économie. Industrialisation, lutte contre l’exportation brute et certifications écologiques dessinent les contours d’un secteur en mutation.
Le Gabon s’impose peu à peu comme un acteur stratégique du bois en Afrique centrale. Avec 22 millions d’hectares de forêts couvrant près de 85 % de son territoire, le pays détient un potentiel sylvicole rare. Sous l’impulsion de réformes engagées depuis plus d’une décennie, le secteur forestier devient un levier essentiel de diversification économique.
La décision, en 2010, d’interdire l’exportation de grumes a marqué un tournant. L’objectif : transformer localement le bois, créer de la valeur ajoutée et des emplois. C’est dans cette optique qu’a été créée la Zone économique spéciale (ZES) de Nkok, vitrine de l’industrialisation gabonaise. Regroupant plus de 80 entreprises spécialisées, cette zone exporte désormais des produits semi-finis ou finis, notamment vers la Chine et l’Europe.
Cette stratégie séduit également les marchés sensibles aux questions environnementales. Le Gabon encourage la certification FSC, gage d’une exploitation durable, et ambitionne de devenir un leader mondial du bois responsable.
Mais les défis restent nombreux : manque de main-d’œuvre qualifiée, infrastructures logistiques limitées, exploitation illégale du bois (notamment du kévazingo) et gouvernance perfectible freinent encore l’essor du secteur.
Dans un contexte mondial de transition écologique, le Gabon joue cependant une carte précieuse. Le bois, jadis matière première brute, devient un symbole de développement maîtrisé. Une réussite encore fragile, mais porteuse d’espoir pour un modèle post-pétrolier africain
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