Après plusieurs années marquées par des turbulences économiques liées à la chute des cours du pétrole et à une croissance molle, le Gabon semble amorcer une reprise progressive. Dans un contexte de réformes structurelles, de diversification de l’économie et d’efforts de stabilisation macroéconomique, les signaux sont encourageants. Mais l’équation reste complexe.
Depuis son indépendance, le Gabon a construit son modèle économique autour de l’or noir. Longtemps présenté comme un « émirat forestier » d’Afrique centrale, le pays a profité de sa faible densité de population et de ses importantes ressources naturelles pour afficher des indicateurs économiques supérieurs à la moyenne du continent. Mais cette rente pétrolière a aussi rendu l’économie extrêmement vulnérable aux chocs extérieurs. Ainsi, la chute brutale des cours mondiaux du brut à partir de 2014 a révélé les failles d’un modèle peu diversifié et trop dépendant de l’État.
Aujourd’hui, le vent semble tourner. Sous l’impulsion des autorités de transition et avec le soutien d’institutions financières internationales comme le FMI, le pays s’efforce de redéfinir ses priorités. L’un des piliers de cette stratégie : la diversification. L’industrie du bois, en particulier, est en plein essor. Grâce à la Zone économique spéciale de Nkok, près de Libreville, le Gabon est devenu un acteur majeur de la transformation locale du bois en Afrique. Plus de 80 entreprises, venues d’Asie, d’Europe et du continent, y opèrent aujourd’hui, faisant de ce site un modèle d’industrialisation à l’africaine.
La relance agricole constitue un autre axe fort. L’ambition est claire : réduire la dépendance aux importations alimentaires – qui pèsent lourdement sur la balance commerciale – et créer des emplois. Le gouvernement mise aussi sur les nouvelles technologies et l’économie verte. Des projets pilotes dans le solaire ou la valorisation des déchets commencent à voir le jour, tandis que Libreville continue de s’afficher comme l’un des bons élèves africains en matière de préservation de la biodiversité.
Sur le plan macroéconomique, les chiffres traduisent une embellie. Le PIB est en hausse, les finances publiques se stabilisent, et le déficit budgétaire se réduit. En juillet, le FMI a salué les efforts du pays dans la mise en œuvre de ses réformes, tout en appelant à maintenir le cap.
Mais l’embellie reste fragile. Le chômage, notamment chez les jeunes, demeure élevé. Le secteur informel prédomine, et les inégalités sociales alimentent un malaise palpable. Surtout, la confiance des investisseurs reste dépendante de la stabilité politique, dans un pays encore marqué par des transitions institutionnelles récentes.
Le Gabon est à la croisée des chemins. L’économie reprend des couleurs, les chantiers sont lancés, et les ambitions sont posées. Reste à transformer l’essai en croissance inclusive et durable. Une tâche aussi ambitieuse qu’indispensable.
Views: 44