Depuis son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995, le Cameroun tente d’insérer son économie dans le jeu du commerce mondial. Mais si le pays applique les règles du libre-échange multilatéral, les résultats restent en demi-teinte, notamment sur sa balance des paiements.
La libéralisation du commerce, promue par l’OMC au nom du principe de l’avantage comparatif, suppose une baisse progressive des droits de douane et des obstacles non tarifaires, pour favoriser la spécialisation productive des économies. Ce principe a conduit à une ouverture du marché camerounais, notamment dans le cadre de l’accord de l’OMC sur le commerce des marchandises (GATT), sans pour autant enclencher un cercle vertueux de transformation structurelle.
En 2023, selon les données de l’Institut national de la statistique (INS) et de la BEAC, les importations du Cameroun ont atteint 4 350 milliards de F CFA, contre 3 450 milliards d’exportations. Le déficit commercial s’élève donc à 900 milliards, en hausse constante depuis cinq ans. Cela contribue à déséquilibrer la balance des paiements courants, qui reste négative à -2,5 % du PIB (BEAC, Rapport 2023).
Or, le pays a engagé, depuis 2021, une politique d’import-substitution censée inverser cette tendance en stimulant la production locale dans des filières comme le riz, le maïs, le poisson, le sucre ou les produits pharmaceutiques. Mais les résultats sont encore modestes, les industries locales peinant à être compétitives face aux produits importés souvent moins chers.
Ce n’est pas tant la baisse des barrières tarifaires qui empêche la montée en gamme, mais le manque de valeur ajoutée dans les filières locales. Les contraintes tiennent à l’accès au financement, à la faible productivité agricole, à la vétusté des outils industriels, et à une gouvernance sectorielle encore trop désorganisée.
Côté dette, le Cameroun reste dans les clous de la convergence communautaire : fin 2024, le taux d’endettement est estimé à 45,2 % du PIB selon la CAA (Caisse autonome d’amortissement), bien en dessous du plafond de 70 % fixé par la CEMAC. Le débat devrait donc davantage porter sur la soutenabilité qualitative de cette dette et sa contribution à la transformation économique, plutôt que sur son volume.
En somme, dans le cadre de l’OMC, et à l’approche de la 14e Conférence ministérielle qui se tiendra au Cameroun, on pourra évoquer des négociations.
Import-substitution : une stratégie encore embryonnaire
Adoptée en 2021, la politique camerounaise d’import-substitution vise à réduire les importations dans six filières jugées prioritaires : riz, poisson, maïs, blé, médicaments et matériaux de construction. Le gouvernement espère ainsi économiser près de 800 milliards de F CFA de devises par an d’ici 2030.
Mais selon le GECAM et le Minepat, les investissements industriels restent encore faibles, faute d’incitations fiscales claires, d’infrastructures adéquates et d’une stratégie de filière cohérente. Les importations de riz, par exemple, ont atteint 436 milliards de F CFA en 2023, contre 310 en 2019. Le chemin vers la substitution effective est encore long À l’approche de la 14ème Conférence Ministérielle qui se tiendra au Cameroun, on pourra évoquer les négociations
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