Au terme des septièmes revues des accords au titre de la facilité élargie de crédit et du mécanisme élargi de crédit, ainsi qu’à la deuxième revue de l’accord au titre de la facilité pour la résilience et la durabilité, le FMI salue l’effort consenti par les autorités afin de conserver une trajectoire budgétaire conforme aux objectifs du programme.
Après près d’une décennie à alerter les autorités camerounaises sur le risque de surendettement qui guette le pays, les efforts du Fonds monétaire international (FMI) commence à produire les résultats. Dans le rapport publié le 12 mars 2025 sur le Cameroun, annexé aux septièmes revues des accords au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) et du mécanisme élargi de crédit (MEDC), ainsi qu’à la deuxième revue de l’accord au titre de la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD), le directeur général adjoint et président par intérim du FMI, Nigel Clarke, « salue l’effort consenti par les autorités afin de conserver une trajectoire budgétaire conforme aux objectifs du programme. »
A l’issue des débats du conseil d’administration, Nigel Clarke a déclaré que « le Cameroun présente toujours un risque élevé de surendettement, mais sa dette est viable », lit-on. Le Fonds souligne en effet que la capacité de portage de la dette demeure faible, et que deux des quatre indicateurs de dette extérieure [le ratio service de la dette/recettes et le ratio service de la dette/exportations] dépassent leurs seuils respectifs dans le scénario de référence, reflétant un risque accru de surendettement.
« Néanmoins, les indicateurs de stock de la dette extérieure restent en dessous des seuils, et tous les indicateurs de service de la dette sont en baisse, témoignant d’une discipline budgétaire soutenue », précise le rapport. L’institution de Bretton Woods prévoit également que le ratio service de la dette/recettes devrait passer sous le seuil à moyen terme. Par ailleurs, la valeur actuelle de la dette publique/PIB est descendue sous son seuil pour la première fois depuis le début du programme économique et financier soutenu par la FEC.
Endettement sous contrôle
Cette évolution traduit une réduction du risque global de surendettement. L’institution note qu’en 2023 et 2024, « le plafond d’emprunt global est resté inchangé, avec un ajustement pour accommoder les prêts concessionnels destinés aux infrastructures et aux projets sociaux de la Banque mondiale. Pour améliorer le profil de liquidité de la dette publique, une opération de gestion de la dette a été réalisée avec un prêt d’environ 131 milliards de FCFA de la Banque Afreximbank en janvier 2024, et une émission obligataire de 550 millions de dollars (332 milliards de FCFA) via un placement privé en juillet 2024. Les fonds levés ont servi à apurer les obligations domestiques impayées ».
Dans la « Conjoncture mensuelle de la dette publique du Cameroun » publiée le 18 mars 2025 par la Caisse autonome d’amortissement (CAA), l’organisme public en charge de la gestion de la dette de l’Etat, il ressort que l’encours de la dette du secteur public (non consolidé) s’élève à 14 237 milliards de FCFA, représentant 45,6% du PIB au 31 décembre 2024. Bien que marquée par une baisse de 0,7% sur un mois, la dette publique enregistre une hausse de 0,2% par rapport au trimestre précédent et une progression notable de 7,8% en un an. « Cette dynamique, bien que modérée à court terme, s’inscrit dans une trajectoire maîtrisée, conforme aux orientations de la Stratégie d’Endettement à Moyen Terme (SEMT) pour 2024-2026, qui vise un niveau de 50% du PIB à l’horizon 2026, en dessous du seuil de critère de convergence sous régionale de 70% du PIB.
La géographie de la dette publique montre que l’Administration Centrale en détient 92,6% soit 13 187 milliards, après la prise en compte de la dette flottante qui représente environ 1,3% du PIB ; suivie des Entreprises Publiques (7,2%) avec 1024 milliards et des Collectivités Territoriales Décentralisées (0,08%), avec 26 milliards.
La dette de l’Administration Centrale est composée à 66,4% de dette extérieure et à 33,6% de dette intérieure, intégrant les Restes à Payer de plus de trois mois et la dette flottante. Au niveau des entreprises publiques et des établissements, la dette extérieure représente 48,2% contre 51,8% de dette intérieure.
ENCADRE
Une dette d’au plus 50% du PIB en 2027
En cohérence avec les engagements souscrits aussi bien au niveau sous régional qu’international, le gouvernement vise une composition optimale de son portefeuille de dette qui repose sur deux axes : satisfaire autant que possible aux moindres coûts et risques maitrisés, les besoins de financement de l’État et ses obligations de paiement ; et faciliter le développement et le bon fonctionnement des marchés primaire et secondaire performants des titres publics domestiques.
Les cibles visées dans la Stratégie d’endettement à Moyen Terme (SEMT) pour 2025-2027, en cohérence avec le programme de convergence multilatérale de la sous-région Cemac, devraient être les suivantes : Un ratio de dette publique et à garantie publique au plus égal à 50% du PIB ; une composition du portefeuille de dette publique, de 75% de dette extérieure (dette libellée en devise), dont 25% de dette publique en Dollar US et, 25% de dette intérieure (dette libellée en FCFA) ; une part de dette intérieure à court terme au plus égale à 10% ; une part de dette à taux d’intérêt variable inférieure à 20% du portefeuille total de la dette publique (y compris les décaissements des SEND’s) ; une maturité moyenne du portefeuille de la dette publique (Administration Centrale) d’au moins 12 ans, dont 05 ans pour la dette intérieure avec un taux d’intérêt moyen inférieur à 3,0%.
Cette stratégie vise à atténuer le risque de surendettement tout en assurant la disponibilité des ressources nécessaires au financement du développement national.