Pour Martin Ziguélé, président du Mlpc, cette flambée n’est pas juste une mauvaise nouvelle, c’est une hécatombe pour une économie déjà à bout de souffle.
Il ne faut pas chercher bien loin pour voir les dégâts. Les entreprises forestières, celles qui faisaient jadis ronfler les moteurs et vivre les villages, mettent leurs ouvriers au chômage technique. Les transporteurs, eux, regardent leurs bénéfices s’évaporer dans les vapeurs d’essence hors de prix. Même les artisans, ces bricoleurs du quotidien, n’arrivent plus à joindre les deux bouts. “Les ménages ont puisé dans leurs bas de laine au début, mais là, ils sont à sec”, déplore Martin Ziguélé, la voix empreinte d’une rancune à peine voilée contre un gouvernement qui, selon lui, a appuyé sur la gâchette sans réfléchir. Cette hausse, elle n’est pas tombée du ciel. C’est une décision bien humaine, prise en haut lieu, qui a jeté de l’huile sur un feu déjà vacillant. Et le pire, c’est que personne ne semble prêt à tendre une perche. Les banques, qui d’habitude avancent l’argent pour faire tourner la boutique, serrent les cordons de la bourse : elles ne prêtent plus à perte, et les dépôts fondent comme beurre au soleil. “Les entreprises ne font même plus le tiers de leur chiffre d’affaires d’avant”, assène-t-il, dressant le portrait d’un pays où l’activité s’éteint à petit feu.
Pour Martin Ziguélé, c’est une aberration, un coup de poignard dans le dos d’une nation qui peinait déjà à se tenir debout. “Le doublement des prix, c’est un venin qui tue tout sur son passage”, dit-il, et on sent dans ses mots une colère qui gronde, mêlée d’impuissance. Car pendant que les puissants paradent avec leurs prévisions de croissance, ce fameux 2,7 % dont ils se savourent, la réalité, elle, est bien plus crue : les Centrafricains trinquent, et l’économie s’enfonce dans un bourbier dont elle ne sortira pas de sitôt. Le hic, c’est que ce n’est pas qu’une question de sous. C’est toute une chaîne qui se brise. Sans carburant abordable, pas de transport, pas de production, pas de commerce. Les routes se vident, les marchés s’assoupissent, et les rêves de relance s’envolent en fumée. “On ne peut pas bâtir un pays en asphyxiant ceux qui le font vivre”, conclut-il, amer. Une phrase qui résonne comme un défi lancé à un pouvoir sourd, ou peut-être juste trop occupé à compter ses billets pour entendre le râle d’un peuple à genoux…