Le ministre camerounais en charge des Forets et de la Faune (Minfof), Jules Doret Ndongo, a appelé à la mise en place d’un outil concerté de gestion de l’espace tenant compte de la vocation première des aires protégées et des besoins de développement du pays. S’exprimant le 20 février à Garoua (Nord), à l’occasion du lancement officiel de la saison cynégétique 2024-2025, il a rappelé l’impératif de concilier conservation et développement, indiquant que son département élabore à cet effet des instruments de gestion des aires protégées, que sont les plans d’aménagement pour les parcs nationaux et les plans de gestion pour les zones d’intérêt cynégétique.
«Le plan d’aménagement n’est pas imposé par l’administration, il est élaboré de manière participative et inclusive, a énuméré Jules Doret Ndongo. Il offre aux populations riveraines la possibilité d’exercer leur droit d’usage ; il permet d’organiser la mise en place des activités génératrices de revenus dans le cadre du programme d’écodéveloppement ; il prévoit des instances de gestion dont les populations sont membres, à l’instar du Comité consultatif local et du Comité de gestion.»
En appelant à une concertation entre tous les acteurs étatiques et non-étatiques, pour le grand bien du Cameroun, et de sa biodiversité en particulier, le membre du gouvernement a précisé que l’élaboration et la mise en œuvre des plans d’aménagement constituent une priorité, permettant à toutes les parties prenantes de s’accorder sur leurs intérêts respectifs. Il s’agit, a insisté M. Nfongo, de la voie a privilégier pour aplanir les divergences de vue et sauvegarder la paix et la tranquillité.
Soulignant que le gouvernement ne saurait, en aucun cas, accorder plus d’importance à la faune au détriment de ses populations, le Minfof s’est fait fort de rappeler que le président Paul Biya a, toujours, fait de la sécurité des hommes et des biens une des priorités de son action. «Plan d’aménagement et plan de gestion sont donc deux outils concertés de planification et de programmation des activités dans, et autour des aires protégées, qui prennent en compte les aspirations de toutes les parties prenantes.»
Sur un autre plan, le Minfof s’est ému du fait que l’amplification du phénomène de braconnage, observé depuis 2012 avec le massacre des éléphants dans le parc national de Bouba-Ndjidda, tend à muter vers une agression des ressources et du territoire camerounais. Pour lui, une réponse globale devra être donnée à cette menace, qui tend à se généraliser et à perdurer.
Covid-19
A l’occasion, Jules Doret Ndongo a salué la contribution décisive du ministère de la Défense (Mindef), qui soutient le Minfof dans l’activité de lutte contre toutes formes de braconnage et de criminalité faunique ainsi que dans la protection de l’intégrité de nos aires protégées. Tout comme il a rappelé que les activités de chasse sportive ont subi les affres de la pandémie du Covid-19, un fléau ayant eu pour conséquence la baisse significative des recettes issues de la chasse sportive et celle des activités économiques locales. A titre illustratif, a-t-il illustré, la saison de chasse 2019-2020, correspondant à la période de la pandémie, a enregistré le taux le plus bas de recettes, soit 351 millions FCFA seulement. Une amélioration progressive et continue des performances, de l’ordre de 398 millions FCFA, au cours de la saison cynégétique 2020-2021, et plus d’un milliard au terme de la dernière saison cynégétique, est cependant à souligner, des performances financières susceptibles de s’améliorer davantage si le braconnage rampant et l’insécurité, dans les aires protégées, étaient contenues.
En conformité avec le processus de gestion participative consacrée par la loi portant régime des forêts et de la faune, le Minfof s’active ainsi à associer les communes et les communautés riveraines à la gestion des zones d’intérêt cynégétique, mais aussi au partage des bénéfices qui en découlent. Au titre des redevances fauniques pour la saison 2023-2024, Jules Doret Ndongo a annoncé que les communes et les communautés riveraines bénéficieront d’un montant global d’environ 130 millions FCFA. En contrepartie des bénéfices directs et indirects de la chasse, celles-ci ont le devoir de s’impliquer davantage dans la gestion et la protection de la faune, notamment par des initiatives de surveillance, de dénonciation des braconniers de tous bords, et d’activités compatibles avec la pérennisation des aires protégées. «Il importe dès lors que les interventions des diverses administrations soient cohérentes et coordonnées, dans le respect du schéma d’occupation et d’utilisation des espaces en général, et des forêts permanentes qui relèvent du domaine privé de l’État, en particulier.»
Pour ce faire, le Minfof en a appelé à une prise de conscience collective et à une mutualisation des efforts, afin de prévenir une situation de perte irréversible de ces atouts. Dans cet esprit, a-t-il exhorté, tous ensemble, Minfof, Mindef, administrations partenaires, amodiataires, communes et communautés riveraines et autres organisations de conservation doivent faire front commun pour la sauvegarde des aires protégées et la survie de la faune du Cameroun.