Les bonnes pratiques camerounaises en matière d’ingénierie financière des projets d’infrastructures font taches d’huile. Les institutions de Bretton Woods veulent faire de la construction du barrage hydroélectrique de Nachtigal un modèle à dupliquer pour la structuration du financement des infrastructures énergétiques l’Afrique.
La voix du Cameroun résonne aux Assemblées de Printemps du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale qui se tiennent à Washington, aux Etats-Unis, du 21 au 26 avril 2025. Une fois n’est pas coutume, cette fois ce n’est pas en position de « mendiant » ou de demandeur mais pour servir de modèle. Au cours de grand rendez-vous des institutions de Bretton Woods, le Cameroun présente son « Compact », le Cadre stratégique de coopération avec les partenaires techniques et financiers, orienté vers l’accélération de la mise en œuvre des projets structurants dans les secteurs prioritaires comme l’énergie et l’eau.
C’est ainsi que le ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee), Gaston Eloundou Essomba, est intervenu le 22 avril 2025 au cours de la table ronde consacrée aux meilleures réussites. Il a exposé sur la structuration financière du Projet hydroélectrique de Nachtigal-amont. Ce projet s’est matérialisé par la construction du barrage de Nachtigal. D’une puissance de 420 MW, cette infrastructure représente actuellement 30% de la production d’électricité du Cameroun. Ce projet est opérationnel depuis le mois de mars 2025.
L’intervention du Minee s’inscrit dans la dynamique de valorisation des bonnes pratiques camerounaises en matière de financement des infrastructures énergétiques, dans un contexte de transition énergétique durable et d’amélioration de l’accès à l’électricité pour tous. D’où le choix du Projet hydroélectrique de Nachtigal-amont, considéré comme un model de réussite en matière de partenariat public privé (PPP) dans le secteur énergétique en Afrique.
De fait, le projet hydroélectrique de Nachtigal est un investissement de 800 milliards de FCFA. Financement mobilisé par une vingtaine d’institutions financières constituées en groupe de prêteurs du projet. Soit 24% par les actionnaires de la société de projet, la Nachtigal Hydroelectric Power Company (NHPC) : EDF, SFI, République du Cameroun, Africa 50 et STOA ; et à 76% par un consortium de 11 institutions internationales de développement : AFC, AFD, BAD, CDC, DEG, EAIF, EIB, FMO, SFI, OFID, et Proparco ; et de quatre banques locales : Bicec, SCB, Standard Chartered et Société Générale.
Retour sur investissement
Plusieurs séances de travail entre les représentants des prêteurs du projet et le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, sur l’actionnariat, la planification des futurs investissements, ainsi que le financement de ces investissements dans les années à venir pour s’assurer des meilleures performances de cette société [NHPC], ont permis de s’assurer du retour sur investissement pour les prêteurs.
Le projet de construction de l’aménagement hydroélectrique de Nachtigal-Amont sur le fleuve Sanaga est encadré des « contrats de construction » et des « contrats de projets ». Il s’agit d’abord du Contrat de Concession qui confie à NHPC la conception, le financement et la construction de l’ouvrage de Nachtigal-Amont mais aussi son exploitation pour une durée de 35 ans.
La « Convention d’Engagement » signée avec le ministère des Finances (Minfi), la Société nationale de transport d’électricité (Sonatrel) et ENEO, le concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun, définie les engagements et les garanties que chacune des parties prend afin de garantir certaines sécurités au Projet.
La « Licence de Vente » entre NHPC et le Minee autorise la société de projet à commercialiser l’énergie qu’elle produit sur le marché de l’électricité Camerounais. Le « Contrat d’Achat d’Electricité » qui lie NHPC à ENEO, définit les conditions d’achat d’électricité par cette dernière, la loi prévoyant que NHPC ne commercialise pas elle-même son électricité auprès des consommateurs mais la vende intégralement à ENEO.
Le « Contrat de Dispatch » entre le Minee, la Sonatrel et ENEO fixe les conditions avec lesquelles la production de Nachtigal sera sollicitée afin de répondre aux besoins de l’équilibre offre-demande camerounais. Le « Contrat de Raccordement » entre Sonatrel et NHPC, régit le cadre du raccordement au réseau de transport d’électricité de l’aménagement hydroélectrique. Il couvre aussi les conditions de transfert vers le Gestionnaire du Réseau de Transport de la ligne 225 000 d’évacuation que NHPC a construit entre le site de production (Nachtigal) et le poste de transformateur très haute tension (Nyom 2), près de Yaoundé.