« On ne jette des pierres que sur un arbre qui porte des fruits », dit un adage africain. En un peu plus de trois mois, le directeur général des Douanes du Cameroun est devenu, à son corps défendant, une vedette sur la toile et les réseaux sociaux. Si vous êtes un habitué des sites internet, pages Facebook ou forums WhatsApp camerounais, vous avez certainement lu un de ces récits où Fongod Edwin Nuvaga, puisqu’il s’agit de lui, est présenté comme un véritable criminel à col blanc. L’homme est « accusé » de corruption, de collusion, de prise illégale d’intérêt, et suprême infamie, de tribalisme.
Pourtant, ce ne sont pas les structures de lutte et de répression de ces fléaux qui manquent au Cameroun. L’Inspection générale des services du ministère des Finances, les Service du Contrôle supérieur de l’Etat, la l’Agence nationale d’investigations financières, la Commission nationale anti corruption, la Chambre des Comptes de la Cour suprême du Cameroun, etc. travaille jour et nuit, mènent des enquêtes de terrain et des vérifications sur pièce, produisent des rapports qui sont rendus publics. Mais jamais, le nom de Fongod Edwin Nuvaga n’a été mêlé à de tels actes alors que de nombreux gestionnaires des deniers publics sont épinglés chaque année… ce qui laisse songeur sur l’absence de la moindre preuve sur les « faits » allégués.
Qu’est-ce qui fait donc courir nos chasseurs de primes ? Pour le dire autrement, qu’est-ce qui a changé dans l’environnement douanier et pourrait mettre à mal certains chasseurs en eaux troubles ? « On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau. On la pose sur table pour qu’elle éclaire la pièce », lit-on dans les Saintes Ecritures. Autrefois présentée comme étant l’une des plus corrompues du pays, l’administration des douanes a fait sa mue depuis belle lurette et affiche des réalisations saluées par les plus hautes autorités de l’Etat.
Au terme de l’exercice budgétaire 2024, la direction générale des douanes (DGD) camerounaise a mobilisé des recettes de 1055,9 milliards FCFA sur un objectif révisé de 1094,9 milliards FCFA inscrit dans la Loi de finances rectificative 2024, soit un taux de réalisation de 96,5% Cette performance marque une augmentation de 33,3 milliards FCFA (3,2%) par rapport aux 1022,6 milliards FCFA collectés en 2023. C’est la deuxième année consécutive au cours de laquelle la douane camerounaise dépasse la barre des 1000 milliards FCFA. Ceci, malgré la montée en puissance de la mise en œuvre des Accords de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne, marquée par le démantèlement des tarifs douaniers sur de nombreux produits ; les exactions de Boko Haram dans les région septentrionales (Adamaoua, Nord et Extrême-Nord) et des sécessionnistes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ; la crise sanitaire du Covid-19 ; la guerre russo-ukrainienne, etc.
« Ceci traduit, notre capacité à maintenir une trajectoire ascendante, dans un contexte complexe. Cette performance traduit la volonté de la douane à contribuer au développement économique et social du pays », a affirmé Fongod Edwin Nuvaga, directeur général de la douane camerounaise.
Pour 2025, le Cameroun compte maintenir cette dynamique. La DGD vise un objectif de 1144,3 milliards FCFA, soit une augmentation de 49,4 milliards FCFA (+4,5 %) par rapport aux prévisions de 2024.
Lorsque le 02 octobre 2015, FONGOD Edwin NUVAGA est porté à la tête de la très regardée Direction générale des Douanes (DGD), il imagine clairement la complexité de la mission que vient de lui confier le Chef de l’Etat. Il s’agit de transformer une administration présentée comme étant l’une des plus corrompues du pays, en une arme économique et stratégique. Economique pour ramener de l’argent dans les caisses de l’Etat malgré le contexte difficile. Stratégique pour permettre au tissu économique d’être résilient. Vis-à-vis des pressions extérieures, comme les Accords de Partenariat Economiques. Et vis-à-vis des contraintes intérieures, comme Boko Haram.
Pour résoudre cette équation à trois inconnues, FONGOD Edwin NUVAGA ne passe pas par quatre chemins. Ex- Chef de la Division de l’Informatique (il y est jusqu’à sa nomination à la tête de la DGD), il saisit en plein vol les objectifs fixés par la Loi de Finances 2016. Ceux de faire de cette année une année dédiée à la promotion de la numérisation des procédures douanières avec pour slogan « la douane numérique : pour un engagement progressif ».
Le natif de Bali Nyonga (département de la Mezam, région du Nord-Ouest), lance un vaste plan de réformes, dont l’objectif est de parvenir à une dématérialisation totale des procédures douanières.
Parmi les réformes les plus importantes, figurent le paiement électronique des droits et taxes de douane ; la mise en place du Titre de Transit Unique ; et (plus récemment) la poursuite de la dématérialisation des procédures douanières à travers la mise en service de Cameroon Customs Information System (CAMCIS) ; et la mise en œuvre de la réforme organique à travers le nouvel organigramme.