Au Cameroun, la scène musicale live en quête de relance.
Longtemps vivante et foisonnante, la musique live camerounaise traverse une période d’essoufflement. Faiblesse des infrastructures, manque de soutien public, et repli vers le numérique fragilisent un secteur pourtant riche en talents.
Des salles rares, un circuit mal structuré
Des cabarets de Douala aux podiums de quartier à Yaoundé, le Cameroun a longtemps vibré au rythme des concerts live. Pourtant, depuis quelques années, les prestations en public se raréfient, et les artistes peinent à tourner dans de bonnes conditions. Les grandes salles de spectacle dignes de ce nom se comptent sur les doigts d’une main : Palais des Congrès à Yaoundé, salle Sita Bella, Institut français… souvent peu accessibles pour les jeunes talents.
Dans les villes secondaires comme Bafoussam, Garoua ou Bertoua, l’offre en infrastructures est quasi inexistante. Les bars et cabarets, bien que nombreux, peinent à garantir des conditions techniques et financières stables. « On joue souvent avec nos propres instruments, sans ingénieur son, pour des cachets dérisoires », confie un chanteur basé à Douala. La filière reste largement informelle, sans contrats, sans couverture sociale, et très dépendante de l’économie parallèle.
Le soutien public reste marginal. Les financements culturels sont faibles, épisodiques, et souvent concentrés autour d’événements officiels ou politiques. Les tentatives de relance – comme le FOMARIC ou le Festi-Bikutsi – peinent à s’inscrire dans la durée.
Le numérique séduit les jeunes, mais isole la scène
Face à ces difficultés, de nombreux jeunes artistes camerounais préfèrent investir dans leur présence en ligne. TikTok, YouTube ou Facebook deviennent leurs principales scènes d’expression. Les showcases privés ou les événements sponsorisés remplacent les concerts ouverts au grand public. Cela favorise la visibilité, mais souvent au détriment de la qualité artistique et de la proximité humaine.
Les musiciens issus des régions, qui rêvaient de « monter à Yaoundé » pour se produire, se retrouvent face à un embouteillage numérique où seuls les plus viraux survivent. Et la scène live, autrefois lieu d’apprentissage, d’émotion partagée et de transmission, s’étiole peu à peu.
Pour éviter l’effondrement, plusieurs voix appellent à une politique culturelle volontariste : rénovation des maisons de la culture, soutien aux promoteurs privés, formation technique, et reconnaissance du spectacle vivant comme secteur stratégique. Sans cela, la scène musicale camerounaise risque de perdre une part essentielle de son âme.
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