La Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC), censée garantir la stabilité du système bancaire dans la CEMAC, traverse une crise de légitimité sans précédent. Dépassée par la complexité des enjeux nationaux, elle peine à imposer ses décisions au Cameroun, entre souveraineté nationale et stabilité du système financier.
La crise autour de la Caisse de Dépôts et Consignations (CDEC) a mis à nu cette faiblesse. Incapable d’assurer un arbitrage efficace sur le transfert de fonds et valeurs destinés à la CDEC, la COBAC a fini par solliciter l’appui des autorités camerounaises qu’elle avait pourtant défiées quelques mois plus tôt. Cet aveu d’impuissance révèle une régulation déconnectée du terrain, minée par une lourdeur administrative et une compréhension limitée des réalités nationales.
Plus grave encore, certaines banques camerounaises, au lieu de coopérer dans un cadre institutionnel clair, choisissent de se plaindre directement hors du pays, exposant les tensions internes du système bancaire régional. Cette fuite en avant illustre la défiance croissante envers une COBAC perçue comme instrumentalisée par des logiques supranationales au détriment des souverainetés nationales.
Le malaise est profond : la régulation bancaire, censée protéger la stabilité financière, est désormais perçue comme une contrainte inefficace. Faute de réforme, la COBAC risque de perdre toute crédibilité, tandis que les États, au premier rang desquels le Cameroun, cherchent à reprendre la main sur leurs instruments financiers publics.
À l’heure où les besoins d’investissement et de modernisation se font pressants, une question demeure : la CEMAC peut-elle continuer à confier la surveillance de ses banques à un organe que même ses assujettis contestent ?
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