A fin mars 2025, le gouvernement avait pu décaisser seulement 69% des financements mis à disposition par la Banque mondiale, soit 3,08 milliards de dollars non décaissés sur 4,47 milliards. Au 31 décembre 2024, l’enveloppe globale des Soldes engagés non décaissés sur emprunts extérieurs a atteint 4 669,4 milliards de FCFA.
C’est une nouvelle charge qui peut relancer la polémique sur la politique d’endettement du Cameroun. En dépit de l’augmentation de l’enveloppe allouée au Cameroun ces dernières années, le rythme de décaissement des financements reste faible. La revue conjointe du portefeuille de coopération Cameroun-Banque mondiale qui s’est achevée ce 15 avril 2025 a révélé qu’en dépit de l’augmentation de l’enveloppe allouée au pays ces dernières années par cette banque de développement multilatérale, le rythme de décaissement des financements reste faible.
A date, « le volume total des fonds non décaissés représente 69% du montant des engagements, soit 3,08 millions de dollars non décaissés sur 4,47 millions pour un portefeuille dont l’âge moyen des projets est de quatre ans », a regretté le directeur de Division Afrique de l’Ouest et Centrale de la Banque Mondiale, Cheick Fantamady Kante, le 14 avril dernier à Yaoundé devant le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire, Alamine Ousmane Mey. Et le responsable de l’institution de Bretton Woods de poursuivre : « En mars 2025, le taux de décaissement annualisé (c’est à dire si tout reste constant), ce taux annualisé disais-je, est de 15% contre une cible annuelle de 20%. Cette contre-performance perdure depuis l’année fiscale 2018 au cours de laquelle le taux de décaissement a atteint 17,9%. »
Les plus importants contributeurs à cette mauvaise performance sont entre autres « les délais prolongés entre l’approbation des projets et leur mise en vigueur ; les délais dans la mise en œuvre des Plan d’Action de Réinstallation (PAR), les délais dans la passation des marchés ; etc. A ceci, s’ajoute des goulots d’étranglement de toute nature comme les lenteurs dans la signature des conventions de financement par exemple », fustige Cheick Fantamady Kante. A fin mars 2025, cinq projets approuvés par la Banque mondiale attendaient encore la signature des conventions de prêts y relatives.
Le problème de la sous consommation des financements affecte pratiquement l’ensemble des emprunts extérieurs. La Note de « Conjoncture mensuelle de la dette publique du Cameroun » publiée le 18 mars 2025 par la Caisse autonome d’amortissement (CAA), l’organisme public en charge de la gestion de la dette de l’Etat, révèle que le phénomène des Soldes Engagés Non Décaissés (SEND’s) [qui représentent la somme des emprunts contractés auprès des bailleurs de fonds par le gouvernement, NDLR] semble s’aggraver.
« A fin décembre 2024, les SEND’s de l’Administration Centrale uniquement des SEND’s Extérieurs sont estimés à 4 669,4 milliards de FCFA, dont 335,1 milliards de FCFA sous forme d’appuis budgétaires. » puisque « En glissement annuel, les SEND’s enregistrent une hausse de 1,8% par rapport à décembre 2023 », lit-on dans la Note de la CAA.
Pour les analystes, la hausse des SEND’s souligne une accumulation des financements engagés mais non encore mobilisés, ce qui peut ralentir l’exécution des projets d’investissement. Selon la structure des SEND’s, 73,6% sont tirés auprès des bailleurs de fonds multilatéraux, traduisant la forte prépondérance des engagements auprès des institutions financières internationales ; ce qui nécessite un suivi des conditions de tirage pour accélérer les décaissements. 17,2% des SEND’s sont tirés auprès des créanciers commerciaux. Ce qui implique une nécessité d’optimiser les conditions de mobilisation pour limiter l’exposition à la dette non concessionnelle.
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