L’administration américaine, sous l’impulsion de Donald Trump, a annoncé une série de mesures protectionnistes incluant une hausse significative des droits de douane sur plusieurs produits importés, y compris en provenance d’Afrique. Ces décisions, présentées comme un moyen de protéger l’industrie locale, pourraient avoir des répercussions majeures sur les économies africaines, déjà fragilisées par les défis commerciaux mondiaux. Selon les données officielles, les États-Unis ont importé pour plus de 26 milliards de dollars de marchandises en provenance d’Afrique en 2023, un chiffre qui pourrait chuter drastiquement avec l’application de ces nouvelles taxes. Parmi les produits les plus touchés figurent l’aluminium, dont les droits passent de 10 % à 25 %, et l’acier, frappé par une taxe de 25 % dès le 1er juin 2024. Ces mesures risquent de pénaliser des pays comme l’Afrique du Sud, qui exporte près de 1,2 milliard de dollars d’acier vers les États-Unis chaque année, ou le Ghana, dont les exportations d’aluminium représentent environ 5 % de ses revenus commerciaux avec l’Amérique. Les secteurs agricoles sont également concernés : les noix de cajou du Bénin, qui génèrent près de 80 millions de dollars annuels, pourraient voir leurs ventes chuter de 15 % à 20 %, selon les analystes.
L’impact macroéconomique est redouté. La Banque mondiale estime que les économies africaines pourraient perdre entre 0,5 % et 1,2 % de leur PIB si ces tarifs sont maintenus durablement. Le Nigeria, premier partenaire commercial des États-Unis en Afrique subsaharienne avec des échanges avoisinant les 8 milliards de dollars, craint une contraction de ses exportations de pétrole brut, déjà soumises à une concurrence accrue.
Le Cameroun, bien que moins exposé que d’autres pays africains, n’échappe pas à la menace. En 2023, ses exportations vers les États-Unis ont atteint 320 millions de dollars, dominées par le cacao (45 %), l’huile de palme (20 %) et le caoutchouc (15 %). Si les taxes sur ces produits restent modérées pour l’instant, une extension des mesures protectionnistes pourrait coûter cher à l’économie camerounaise. Les professionnels du cacao, qui écoulent près de 30 % de leur production outre-Atlantique, s’inquiètent : une hausse des droits de douane de 5 % à 10 % entraînerait une perte de revenus estimée à 12 millions de dollars par an. Les autorités camerounaises tentent de minimiser les risques en diversifiant leurs marchés, notamment vers l’Europe et l’Asie. Cependant, avec un déficit commercial déjà élevé (1,8 milliard de dollars en 2023), le pays ne peut se permettre un recul de ses exportations. Les prochains mois seront décisifs pour savoir si Yaoundé parvient à négocier des exemptions ou s’il devra s’adapter à une nouvelle donne commerciale bien moins favorable.