Alors que l’économie mondiale est secouée par des crises successives — pandémie, guerre en Ukraine, inflation galopante et à présent les taxes américaines— l’Afrique, bien que résiliente, subit de plein fouet les répercussions de ces chocs exogènes. Les conséquences sont multiples : ralentissement de la croissance, inflation record, fuite des capitaux et aggravation de la dette. Pourtant, certains signaux positifs émergent, notamment en Afrique centrale. Selon la Banque africaine de développement, la croissance du PIB réel du continent a ralenti, passant de 4,1 % en 2022 à 3,1 % en 2023, en raison de facteurs tels que les prix élevés des denrées alimentaires et de l’énergie, la faiblesse de la demande mondiale, les impacts climatiques et les conflits politiques dans certains pays. Néanmoins, la croissance devrait reprendre avec 3,7 % en 2024 et 4,3 % en 2025, grâce à la résilience de certaines régions comme l’Afrique de l’Est et de l’Ouest. L’Afrique centrale, quant à elle, a enregistré une croissance du PIB réel de 5,0 % en 2022, contre 3,4 % en 2021. Le rebond de l’activité économique a été tiré par des prix favorables des matières premières, dans une région qui abrite des exportateurs nets de pétrole brut, de minéraux et d’autres matières premières.
Inflation et crise de la dette : un double fardeau
L’inflation moyenne des prix à la consommation en Afrique a augmenté de 14 % en 2022 à 17 % en 2023, principalement en raison des hausses des prix alimentaires induites par des sécheresses et des excédents de liquidités. Cette flambée des prix a érodé le pouvoir d’achat et exacerbé la pauvreté. Parallèlement, la dette publique atteint des niveaux préoccupants. En février 2023, 8 pays du continent étaient en situation de surendettement, et 13 autres à risque élevé de surendettement. Cette situation limite la capacité des États à investir dans les infrastructures et les services sociaux essentiels. L’instabilité économique et les incertitudes politiques ont conduit plusieurs multinationales à réduire leur présence en Afrique. Au Nigeria, des entreprises telles que Kimberly-Clark, Procter & Gamble, GSK, Bayer, Sanofi et Diageo ont réduit leur présence ou se sont totalement retirées du pays. Cette tendance menace l’emploi et la diversification économique. Le continent africain fait face à un déficit de financement annuel d’environ 194 milliards de dollars pour atteindre les Objectifs de développement durable à l’horizon 2030. Ce manque de ressources compromet les efforts en matière d’éducation, de santé et d’infrastructures, essentiels pour le développement à long terme.
Vers une transformation structurelle
Malgré ces défis, l’Afrique dispose de ressources naturelles abondantes et d’une population jeune, offrant des opportunités pour une transformation économique. L’Afrique centrale, par exemple, a besoin d’environ 128 milliards de dollars entre 2020 et 2030 pour mettre en œuvre des mesures d’adaptation et d’atténuation et lutter contre les effets du changement climatique. Investir dans des secteurs à forte valeur ajoutée, tels que les énergies renouvelables et les technologies de l’information, pourrait stimuler la croissance et créer des emplois. Ainsi, l’Afrique se trouve à un carrefour économique critique. Si les défis sont nombreux, les opportunités le sont tout autant. Une collaboration renforcée entre les gouvernements africains, les partenaires internationaux et le secteur privé est essentielle pour surmonter les obstacles actuels et bâtir un avenir prospère pour le continent.