À la frontière sud du Cameroun, le poste de Kyé-Ossi cristallise les enjeux d’une lutte plus ferme contre la fraude douanière dans la zone CEMAC. Face à l’intensification des trafics illicites, Yaoundé et Libreville ont décidé d’accélérer leur coopération. Une dynamique saluée par les milieux économiques des deux pays, régulièrement confrontés à des pertes fiscales et à des circuits commerciaux dévoyés.
Le projet phare de ce rapprochement est la construction d’un poste unique de contrôle frontalier, qui regroupera les formalités douanières, sanitaires et sécuritaires pour les trois pays riverains – Cameroun, Gabon et Guinée équatoriale. Soutenu par la Commission de la CEMAC, ce hub logistique vise à fluidifier les échanges tout en améliorant l’efficacité des contrôles.
Mais au-delà des infrastructures, c’est un changement de culture administrative qui se profile. Les douanes camerounaises et gabonaises multiplient les opérations conjointes, partagent des données de renseignement, et bénéficient de formations spécifiques dispensées avec le soutien de l’Organisation mondiale des douanes (OMD). Le Cameroun a d’ailleurs renforcé ses capacités en matière de ciblage, d’analyse de risque et de détection de flux financiers suspects, notamment grâce à un partenariat récent avec l’Agence nationale d’Investigation Financière (ANIF).
Du côté gabonais, une brigade canine spécialisée et des contrôles inopinés ont permis de déjouer plusieurs tentatives de contrebande au premier semestre 2025. Ce resserrement de la coopération régionale s’inscrit dans un contexte plus large de sécurisation des recettes publiques et de lutte contre les trafics qui gangrènent les économies d’Afrique centrale.
Dans cette stratégie, Kyé-Ossi pourrait devenir le symbole d’une nouvelle ère de discipline douanière, de confiance mutuelle et d’intégration économique sous-régionale.
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