Avec plus de 1 000 km de frontière terrestre avec le Nigeria et un écart de prix pouvant dépasser 500 FCFA par litre, le Cameroun fait face à une réalité qu’il ne peut plus ignorer : le carburant nigérian entrera, quoi qu’on fasse.
Pendant que la Sonara est à l’arrêt depuis 2019 et que le projet de Sonara bis reste flou, la raffinerie Dangote produit, raffine, exporte et impose progressivement les prix régionaux. Le vrai danger n’est donc pas Dangote, mais l’aveuglement stratégique.
Vouloir bloquer physiquement la frontière est une illusion. Pistes rurales non contrôlées, traditions de commerce informel et pression sociale rendent la contrebande inévitable lorsque les prix divergent fortement. Un différentiel de 500 FCFA est une incitation économique irrésistible.
Face à cette situation, une évidence s’impose : mieux vaut un carburant nigérian importé légalement, taxé et contrôlé qu’un carburant clandestin. Cela suppose des accords d’approvisionnement régionaux, une réforme progressive des subventions et une vérité assumée des prix, avec un ciblage social clair.
Continuer à promettre une renaissance industrielle sans modèle économique crédible, c’est tourner en rond. La question n’est plus comment empêcher Dangote, mais quand le Cameroun décidera enfin d’adapter sa politique énergétique à la réalité du marché régional.
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