Le fiasco du projet de péages automatiques porté par Egis au Cameroun laisse un goût amer. Conçu comme un modèle de Partenariat Public-Privé (PPP) moderne, le chantier des 14 postes de péage s’est transformé en naufrage financier et opérationnel. Résultat : plus de 20 milliards FCFA de dettes, une filiale locale au bord de l’asphyxie, et un retrait annoncé du géant français.
Derrière ce retrait, c’est un véritable champ de ruines que pourrait reprendre Artelia, pressenti comme repreneur. Mais le bureau d’études, certes reconnu dans l’ingénierie, n’a jamais été un redresseur d’actifs en crise. Absorber une structure endettée, relancer un outil sous-performant et regagner la confiance de l’État et des usagers : le défi est de taille.
Car au-delà de la dette, ce sont les fondamentaux du projet qui sont en cause. Estimation trop optimiste du trafic, défauts technologiques, acceptabilité sociale quasi nulle… Les écueils sont nombreux. Et le contexte politique ne garantit rien : promesses non tenues, retards de paiement, pressions populistes contre les péages.
Pour réussir, Artelia devra faire bien plus que gérer : il faudra renégocier, investir, sécuriser, convaincre. Et surtout, apprendre des erreurs d’Egis, qui a cru pouvoir imposer un modèle sans tenir compte des réalités locales.
Ce dossier sent la poudre. Mais pour qui saura manœuvrer avec rigueur, diplomatie et réalisme, il pourrait aussi ouvrir une voie stratégique vers un marché sous-équipé mais plein de potentiel.
Views: 64