Cinq mois après sa précédente mission au Cameroun, le Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale était à nouveau à Yaoundé. L’organisme encourage les autorités camerounaises à mettre les bouchées doubles pour sortir du régime de la surveillance renforcée du Groupe d’action financière.
Le Cameroun réaffirme son engagement de renforcer son dispositif de lutte contre le blanchiment des capitaux, le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive. Le premier ministre, Chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute l’a confirmé au secrétaire permanant du Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale (Gabac), André Kanga, qui a achevé une visite de travail à Yaoundé le 10 mai 2025.
L’hôte de Joseph Dion Ngute revient à Yaoundé cinq mois après sa précédente mission, le 27 novembre 2024, au cours de laquelle l’institution communautaire était venue proposer son accompagnement au gouvernement camerounais. Dans une déclaration à la presse, André Kanga indique qu’il repart du Cameroun, rassuré de la détermination des autorités Yaoundé à mettre en œuvre le plan d’action du Groupe d’action financière (GAFI) jugées encore insuffisantes. « Nous sommes maintenant sur la bonne voie. Ce n’est pas une question difficile. Nous avons de la compétence et des hommes pour résoudre cette situation. Nous avons un programme qui va peut-être s’achever au mois de septembre 2025 mais nous mettons les bouchées doubles pour être au rendez-vous. »
Le 23 juin 2023, le GAFI, qui fait figure d’observatoire international en matière de lutte contre la prolifération des armes de destruction massive, a annoncé avoir inscrit le Cameroun sur la liste « grise des pays sous surveillance renforcée ». Le Gabac explique qu’« il s’agit, des pays présentant des déficiences stratégiques dans leurs régimes de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, mais qui ont pris l’engagement de travailler avec le GAFI pour y remédier. » Le non-respect de cet engagement expose le Cameroun à être considéré comme un pays à haut risque et de ce fait à être inscrit sur la « Liste Noire du GAFI ». Dans ce cas, les banques étrangères pourraient suspendre toute transaction avec leurs correspondants au Cameroun.
Dans une tribune libre parue le 21 décembre 2022 dans le quotidien camerounais à capitaux publics, Cameroon tribune, l’ancien secrétaire permanent du Groupe du Gabac, Désiré Geoffroy Mbock, révélait que lors de sa dernière évaluation par les pairs, le Cameroun avait reçu 13 notations « partiellement conformes » en rapport avec le blanchiment d’argent et huit notations « non conformes » en relation avec le financement du terrorisme.
Ainsi, le Cameroun fait partie des pays qui sont « particulièrement exposés à des risques de blanchiment des capitaux liés à l’intégration dans le système financier des produits issus de la corruption, des détournements de deniers publics, de la fraude douanière et fiscale, du braconnage, du trafic d’espèces fauniques et d’essences forestières protégées ». Selon le Rapport sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun en 2023, l’Agence Nationale d’Investigation Financière a reçu 965 Déclarations de Soupçon pour des flux financiers de 1 665,4 milliards de FCFA.
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