Auteur/autrice : Serge Sabouang
Le groupe nucléaire français Orano (ex-Areva) a tiré une sonnette d’alarme sur Somair, sa filiale nigérienne, coentreprise avec l’État du Niger, qui est au bord de la faillite. Cette annonce relayée par plusieurs sources, marque un nouveau tournant dans le conflit latent entre Orano et le régime militaire de Niamey, arrivé au pouvoir par un coup d’État en juillet 2023. La situation s’est envenimée depuis que les autorités nigériennes ont suspendu les exportations d’uranium, saisi la mine en décembre 2024, puis annoncé en juin 2025 sa nationalisation, accusant le groupe français d’exploitation déséquilibrée. La Somair, Société des mines de l’Aïr,…
Lancé en grande pompe en 2012 comme levier de transformation agricole, le Programme Agropole devait structurer des chaînes de valeur agro-industrielles sur tout le territoire. Objectif initial : 300 agropoles à l’horizon 2025, avec un financement public et privé conjugué. Mais treize ans plus tard, moins de 40 projets ont réellement été opérationnels, pour un impact encore très limité. Doté d’une enveloppe de plus de 60 milliards de FCFA depuis sa création, le programme s’est heurté à des retards de décaissement, des malfaçons dans les aménagements, et une faible implication du secteur privé. Plusieurs projets pilotes – manioc à Sangmélima,…
Le déclassement du Cameroun au profit du Gabon dans les échanges commerciaux intra-CEMAC n’est pas qu’un simple réajustement statistique. Il illustre un repositionnement stratégique des puissances économiques sous-régionales. Si le Gabon tire profit d’une politique industrielle cohérente, le Cameroun, lui, paie les limites d’un modèle économique resté trop agricole et peu transformateur. Depuis une décennie, le Cameroun revendique son statut de « poumon économique » de la CEMAC. Mais cette position s’érode face à la montée silencieuse de Libreville. En devenant le premier fournisseur du Cameroun, le Gabon expose les fragilités de l’appareil productif camerounais, notamment son dépendance aux importations…
Dans son ouvrage incisif et pédagogique, 25 questions-réponses sur la présidentielle 2025, le journaliste Georges Alain Boyomo explore, sans détour, les arcanes du scrutin à venir. Un guide lucide et accessible qui dissèque, en langage simple, les enjeux politiques, institutionnels et citoyens d’un rendez-vous crucial pour l’avenir du Cameroun. Voici un aperçu de quelques questions centrales. Qui peut être candidat à la présidentielle ? L’auteur rappelle que, selon la Constitution, tout Camerounais âgé d’au moins 35 ans, jouissant de ses droits civiques et moraux, peut briguer la magistrature suprême. Mais dans les faits, les barrières administratives, politiques et financières rendent…
Six ans après la fusion des deux bourses d’Afrique centrale, celle de Douala (DSX) et celle de Libreville (BVMAC), les marchés financiers de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) peinent toujours à décoller. Faiblement capitalisés, peu liquides, peu accessibles, ils restent marginalisés dans le financement des économies sous-régionales, à l’opposé des ambitions affichées. Aujourd’hui, le marché boursier unifié compte moins de 25 titres cotés, dont une majorité d’obligations souveraines. La capitalisation boursière reste dominée par le Cameroun, qui représente à lui seul près de 70 % de l’activité, creusant un déséquilibre notoire au sein d’un espace communautaire…
Depuis son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995, le Cameroun tente d’insérer son économie dans le jeu du commerce mondial. Mais si le pays applique les règles du libre-échange multilatéral, les résultats restent en demi-teinte, notamment sur sa balance des paiements. La libéralisation du commerce, promue par l’OMC au nom du principe de l’avantage comparatif, suppose une baisse progressive des droits de douane et des obstacles non tarifaires, pour favoriser la spécialisation productive des économies. Ce principe a conduit à une ouverture du marché camerounais, notamment dans le cadre de l’accord de l’OMC sur le commerce des…
Au Cameroun, la dette publique frôle désormais les 50 % du PIB (contre 12,7 % en 2010), selon les données officielles du ministère des Finances. Si ce ratio reste en dessous du seuil d’alerte fixé par la CEMAC (70 % du PIB), ses conséquences sur le secteur privé national sont préoccupantes. Dans une économie où l’État représente plus de 60 % de l’investissement total, la pression sur la trésorerie publique se traduit par des retards chroniques de paiement aux entreprises ayant exécuté des marchés publics. Le délai moyen de règlement peut atteindre 8 à 14 mois, mettant en péril la…
Alors que les appels à une rationalisation des organisations régionales africaines se multiplient, le processus de convergence entre la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac) reste suspendu à des arbitrages essentiellement économiques et monétaires. Loin des slogans politiques, c’est bien la question de la cohérence macroéconomique régionale qui freine l’intégration effective. La Cemac, avec ses six États membres, dispose d’outils d’intégration plus poussés : une union douanière, une banque centrale commune (BEAC), une monnaie unique (le franc CFA), et des mécanismes de coordination budgétaire via le Programme de…
Alors que les discours sur la rationalisation des institutions régionales africaines se multiplient, le processus de convergence entre la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) reste inachevé. Officiellement engagées depuis la réforme de la CEEAC en 2019, les discussions piétinent sur des points structurels essentiels que le prochain sommet des chefs d’État devrait tenter de trancher. Car si les deux organisations poursuivent des objectifs similaires – intégration régionale, paix, libre circulation, développement des infrastructures –, elles peinent à harmoniser leurs structures et à éviter les doublons. La CEEAC,…
C’est un pas que l’on peut qualifier de décisif. Le 27 juin 2025, une délégation de Starlink, la filiale satellitaire du géant américain SpaceX, a été reçue par Minette Libom Li Likeng, ministre des Postes et Télécommunications du Cameroun. Une rencontre discrète mais symbolique, qui pourrait augurer la levée prochaine de l’interdiction d’importation des équipements Starlink dans le pays. Longtemps restée à la marge du cadre légal, la présence de Starlink au Cameroun s’était jusqu’ici résumée à des connexions pirates et des équipements importés clandestinement, au grand dam de l’État, qui y voyait une menace pour la souveraineté numérique nationale.…