Le Cameroun ambitionne de parvenir à l’accès universel de l’électricité à l’horizon 2030. Il faut près de 900 milliards de FCFA financer l’électrification de quelque 7 000 localités rurales sont encore dépourvues d’électricité et la loi n°2011/022 régissant le secteur de l’électricité ne favorisent pas l’investissement dans ce secteur.
Atteindre un taux d’accès universel à l’électricité d’ici 2030. Tel est l’objectif que le gouvernement s’est assigné dans sa Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND30) et réaffirmé dans le Compact Énergétique National. Mais, reconnait le ministre de l’Eau et de l’Énergie (Minee), Gaston Éloundou Essomba, l’atteinte de l’objectif de 100% d’accès à l’électricité, avec un taux actuel d’environ 74%, reste un défi. Selon les estimations du Minee, il faut un investissement de quelque 874 milliards de FCFA pour porter le taux d’accès à l’électricité à 100% dans le pays, notamment à travers l’électrification des 7 000 localités rurales qui en sont encore dépourvues dans toutes les régions. Et, le déploiement des mini-réseaux électriques a été identifié comme une solution essentielle pour parvenir à cet objectif. La loi n°2011/022 encadre le secteur de l’électricité déjà. Mais de l’avis des experts, elle présente des insuffisances.
Le sujet était au centre d’un atelier le 15 avril 2025 à Yaoundé. Organisé par le Minee, cette rencontre a été l’occasion d’une consultation des parties prenantes sur l’élaboration d’un cadre réglementaire des mini-réseaux électriques au Cameroun. Ceci, en vue de promouvoir et développer l’électrification, en particulier dans les zones reculées. Pour Gaaston Eloundou Esssomba, « l’accès universel à l’électricité est un des axes majeurs de la politique des ‘‘Grandes réalisations’’ du président de la République, Son Excellence Paul Biya. » A cet effet, a-t-il rappelé, « les engagements du gouvernement s’articulent autour de l’électrification des localités reculées par l’énergie solaire et/ou des mini centrales hydroélectriques et la mise en place d’un programme de subventions aux branchements des ménages défavorisés. »
Le ministère, les acteurs, les experts et les partenaires au développement sont d’avis que la promotion et le développement des mini-réseaux électriques nécessite un cadre législatif et réglementaire clair, précis et incitatif pour favoriser l’investissement dans ce secteur. Cet exercice bénéficie de l’assistance technique de la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement ; ainsi que de l’appui opérationnel des cabinets Inensus et CPCS.
Potentiel inexploité
En la matière, le Cameroun ne part pas de zéro. Depuis le 5 février 2022, un mini barrage hydroélectrique est opérationnel à Mbakaou, dans le département du Djerem, région de l’Adamaoua. Il s’agit d’une source autonome d’énergie électrique propre et renouvelable. Cofinancé par la BGFIBank Cameroun et l’Union Européenne, l’ouvrage de 1,49 MW, extensible à 2,9 MW, permet à ce jour d’alimenter plus de 3000 ménages, dans cinq localités de l’arrondissement de Tibati, tout en améliorant la qualité dans la fourniture de l’électricité dans cette partie du pays.
C’est la première petite centrale hydroélectrique construite au Cameroun et le premier projet de ce type porté par un privé (IED Invest Cameroun). Toutefois, confirme Gaston Eloundou Essomba, cette infrastructure fait partie d’un programme de construction de 50 petites centrales. En effet, « la construction de petites centrales hydroélectriques au fil de l’eau dans les zones rurales peut présenter des avantages pour les économies rurales locales et pour le pays dans son ensemble », indiquait Raymond Tavares, alors Représentant résident de l’Organisation des Nations unies pour le Développement industriel (Onudi) au Cameroun et en Afrique centrale. C’était le 20 septembre 2021 à Yaoundé, à l’occasion de la remise des études d’avant-projets détaillés de deux nouveaux projets de mini barrages sur la rivière « La Dibombé » à Manjo (4,6Mw), région du Littoral; et sur la rivière « Mouankeu » à Bafang (3,4Mw), région de l’Ouest.
Selon Minee, le recensement et l’identification mené dans les dix Régions entre 2012 et 2013 a permis de mettre en évidence 243 sites hydroélectriques de moins de 5 MW. Les analystes estiment le potentiel du Cameroun en termes de capacité de la petite hydroélectricité est de 600 MW.