La mort en détention, le 1er décembre 2025, d’Ekane Anicet, président du MANIDEM et figure de la gauche souverainiste camerounaise, continue de susciter une forte émotion. Arrêté le 24 octobre à Douala, l’opposant avait été transféré au Centre médical de la gendarmerie à Yaoundé en raison de son état de santé fragile. Dépendant d’un appareil à oxygène, il avait selon ses proches un besoin constant d’assistance respiratoire, ce qui rendait sa prise en charge particulièrement délicate.
Militant de longue date, Ekane Anicet appartenait à cette génération d’acteurs politiques qui ont façonné les débats idéologiques des années 1990. À la tête du MANIDEM, il portait un discours centré sur la justice sociale, la souveraineté économique et la mémoire des luttes anticoloniales. Peu adepte des grandes tribunes médiatiques, il demeurait néanmoins une voix respectée au sein des mouvements citoyens et des milieux panafricanistes, où l’on saluait sa constance et son franc-parler.
Sa disparition, intervenue après plusieurs semaines d’hospitalisation sous surveillance, soulève aujourd’hui des interrogations sur les conditions de détention adaptées aux personnes souffrant de pathologies sévères. Plusieurs organisations de la société civile appellent à une clarification des protocoles médicaux applicables aux détenus vulnérables, tandis que ses camarades de parti évoquent une perte « lourde » pour leur famille politique.
Au-delà de l’émotion, la figure d’Ekane Anicet laisse l’image d’un homme attaché à ses convictions, dont le parcours rappelle la place centrale des débats idéologiques dans la vie politique camerounaise.
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