Au cœur d’un litige sur la détention et le transfert de fonds consignés, la CDEC invoque son monopole légal et la compétence exclusive des juridictions camerounaises. Face à Afriland First Bank et à la COBAC, l’institution publique revendique l’application stricte du droit national contre toute ingérence du régulateur communautaire.
Un bras de fer à 166 milliards
Le 16 octobre 2025, la Caisse des Dépôts et Consignations du Cameroun (CDEC) a mis en demeure Afriland First Bank de transférer 40 milliards de FCFA de dépôts publics non reversés. Selon son directeur général, Richard Evina Obam, la banque aurait omis de déclarer plusieurs comptes et garanties pourtant soumis au décret du 1er décembre 2023. La CDEC réclame donc 36,5 milliards, assortis de 4,1 milliards de pénalités, pour un total de 40 milliards à verser avant la mi-novembre.
L’affaire des fonds séquestrés
La tension monte aussi autour de 126 milliards de FCFA placés sous séquestre dans l’affaire BESTINVER/Mobile Money Corporation (MTN Cameroon). Afriland, appuyée par la COBAC, refuse le transfert à la CDEC, invoquant la régulation régionale. Mais cette dernière s’appuie sur la loi camerounaise du 14 avril 2008, qui lui confère un monopole légal sur les dépôts et séquestres judiciaires, reconnu par la BEAC en 2023.
Une épreuve de souveraineté financière
Pour la CDEC, seule la justice camerounaise peut statuer sur la levée d’un séquestre. Elle accuse la COBAC d’outrepasser ses pouvoirs et les banques de s’en servir pour échapper à leurs obligations nationales. Afriland dispose de trente jours pour s’exécuter, sous peine de recouvrement forcé et de saisie de ses actifs.
Au-delà du différend, ce bras de fer symbolise la volonté de Yaoundé de reprendre le contrôle des dépôts publics et d’affirmer sa souveraineté financière face à la régulation communautaire de la CEMAC.
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