Annoncée en grande pompe, la première sortie médiatique de Bello Bouba Maïgari depuis sa démission du gouvernement ressemble à un saut dans l’inconnu. Après des décennies passées dans l’ombre tutélaire du régime Biya, le président de l’UNDP semble vouloir se réinventer en figure d’opposition. Mais peut-on vraiment tourner la page du passé quand on en est l’un des symboles les plus persistants ?
Longtemps considéré comme un allié discipliné du RDPC, Bello Bouba a avalisé, année après année, les choix politiques d’un système dont il a été à la fois acteur et caution. Que ce soit comme ministre d’État ou président d’un parti satellisé, il n’a jamais élevé la voix contre les dérives institutionnelles, les verrouillages démocratiques ou la marginalisation des jeunes. Sa rupture tardive avec la majorité présidentielle pose donc une question centrale : est-elle sincère ou opportuniste ?
À l’approche d’une présidentielle décisive, son changement de ton pourrait séduire une frange de l’électorat nostalgique du « candidat du Nord » de 1992. Mais la société camerounaise de 2025 n’est plus celle des années 90. La jeunesse réclame des visages neufs, des discours clairs, des projets concrets. Or, Bello Bouba traîne une image de technocrate prudent, plus adepte des compromis que des ruptures.
Son point de presse prévu à Yaoundé sera donc un test : peut-il incarner autre chose qu’un retour en arrière ? Aura-t-il le courage d’un véritable mea culpa ? Ou se contentera-t-il d’un bilan lisse et d’un programme flou ?
Le temps des figures consensuelles est peut-être révolu. Et celui des actes, plus que des mots, est arrivé.
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