Après des essais concluant à Bafoussam, Bertoua, Maroua, etc. le gouvernement envisage d’appliquer à grande échelle le béton compacté au rouleau dans la construction des routes urbaines. Décidée en 2020, cette option sera effective dès 2026 et s’inscrit dans le cadre de la politique d’import-substitution.
C’est une affaire en béton qui se profile à l’horizon pour les acteurs des travaux publics au Cameroun. Le gouvernement envisage de changer de technologie dans la construction des routes. Au lieu du traditionnel « béton bitumineux », les routes urbaines devraient désormais être réalisées à partir d’un revêtement au « béton compacté au rouleau » (BCR). Cette option a été recommandée au gouvernement au terme de la première session du comité national de la route qui s’est tenue le 1er juillet 2025 à Yaoundé sous la présidence du Premier ministre Joseph Dion Ngute. Cette approche permet de promouvoir la politique d’import-substitution et de créer une chaîne de valeur à la faveur du remplacement du bitume par des produits locaux.
Par rapport au bitume qui est importé, nouvelle technique présente de nombreux atouts, explique le ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu), Célestine Ketcha Courtès. Selon les experts du Minhdu, le BCR se fait à base d’intrants locaux: sable, gravier, ciment, eau [plus le fer à béton] et peut donc être appliquée dans toutes les régions du pays; sa production va générer des emplois et dynamiser l’économie locale; ce revêtement permet de donner à la route une durée minimale de 30 ans contre 15 ans pour les routes à base du «béton bitumineux». Cette dernière durée étant par ailleurs conditionnée par un entretien tous les 3 à 5 ans alors qu’une route en BCR ne nécessite pratiquement pas d’entretien et est bien plus rigide et plus résistant au trafic lourd avec ses 15 cm d’épaisseur de béton. « Toutes choses qui permettent d’avoir des chaussées trois fois moins chers », indique le Minhdu.
Bien plus, souligne-t-elle, « le pays dispose déjà d’une expérience locale en la matière à partir de la réalisation de quelques voies urbaines importantes dans les villes de Bafoussam, Bamenda, Bertoua, Garoua et Maroua dans le cadre du programme ‘’Capitales Régionales’’ financé sur fonds C2D [Contrat de désendettement-développement avec la France, NDLR]. Ainsi, le Cameroun emboîterait le par à l’Algérie, Madagascar et surtout le Canada où le BCR est utilisé depuis plus de 60 ans.
Malgré ses atouts, suggèrent les experts, le choix des axes routiers à réaliser sous cette approche devrait tenir compte de l’environnement géologique et hydraulique. D’où la nécessité de mieux capaciter les entreprises locales. Dans ce cadre, le Premier ministre demande au ministre des Travaux publics d’exercer pleinement son attribution statutaire d’ingénieur de l’Etat en matière d’infrastructures routières.
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