Au Cameroun, la dette publique frôle désormais les 50 % du PIB (contre 12,7 % en 2010), selon les données officielles du ministère des Finances. Si ce ratio reste en dessous du seuil d’alerte fixé par la CEMAC (70 % du PIB), ses conséquences sur le secteur privé national sont préoccupantes.
Dans une économie où l’État représente plus de 60 % de l’investissement total, la pression sur la trésorerie publique se traduit par des retards chroniques de paiement aux entreprises ayant exécuté des marchés publics. Le délai moyen de règlement peut atteindre 8 à 14 mois, mettant en péril la survie des PME.
70 % des crédits budgétaires destinés aux PME dans les projets d’infrastructure ne sont pas exécutés à temps.
Plus de 80 % des marchés publics structurants sont attribués à des entreprises étrangères.
Le taux d’intérêt moyen pour les prêts aux PME est supérieur à 12 %, avec des garanties exigées jusqu’à 150 % du montant demandé.
L’effet d’éviction du crédit
Autre conséquence de cet endettement : la préférence des banques pour les bons du Trésor, jugés plus sûrs et rentables que les crédits au secteur privé. Résultat : un effet d’éviction bancaire qui raréfie et renchérit le financement des entreprises.
En 2024, selon l’Association des établissements de crédit du Cameroun (Apeccam), plus de 40 % des actifs bancaires sont investis dans des titres publics, au détriment des crédits productifs.
Une stratégie à repenser
La stratégie d’endettement de l’État reste largement déconnectée des réalités entrepreneuriales. Les entreprises camerounaises réclament plus de prévisibilité budgétaire, des mécanismes de paiement anticipé, et un accès équitable à la commande publique, notamment dans les projets financés par la dette.
Proposition : consacrer 30 % des marchés publics issus de la dette aux PME locales.
Créer un fonds de garantie public pour sécuriser les crédits bancaires aux entreprises liées aux marchés publics.
Réduire les délais de paiement à 90 jours maximum, via un système électronique de gestion des factures.
Conclusion : Pour éviter que la dette publique ne devienne un facteur d’exclusion, le Cameroun doit transformer sa politique d’endettement en outil de compétitivité locale. C’est une condition indispensable pour bâtir une croissance plus résiliente et inclusive
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