Alors qu’il y a à peine plus d’une décennie il accordait des prêts en dizaines de milliards aux pays frères, avec l’aval du FMI, le pays de Denis Sasssou Nguesso croule aujourd’hui sous les dettes et multiplie les défauts de paiement.
« Arriérés », « insoutenable », « défaut de paiement », etc. Lorsqu’il faut parler de la gestion de la dette publique du Congo, le registre de langue n’inspire ni confiance ni optimisme. par exemple, les dernières sorties sur le marché monétaire de le BEAC ont obtenu des résultats mitigés : 55,88% de souscription sur un objectif de 140 milliards en avril 2025 ; 34,53% sur 222 milliards escomptés en janvier 2025.
La sixième et dernière revue de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) en faveur de la République du Congo, approuvé le 21 janvier 2022 par le FMI révèle que « tous les critères de performance quantitatifs à fin juin 2024 ont été atteints, mais les critères de performance liés un plafond continu de zéro sur les nouveaux arriérés extérieurs, la nouvelle dette extérieure non concessionnelle et la nouvelle dette garantie par des ressources naturelles n’ont pas été respectés. »
Selon le dernier rapport d’analyse de la viabilité de la dette publié par le FMI en juin 2024, le Congo est en situation de surendettement, mais que sa dette est viable. En effet, le Congo s’est retrouvé confronté à une crise économique et financière majeure sur la période 2013-2016 causée par le repli du prix international du baril de pétrole, conduisant à une forte chute des revenus de ses exportations, des déficits publics élevés et un aggravement de l’endettement. La viabilité de la dette n’a été rétablie que récemment, dans le cadre du programme FMI, grâce à une restructuration importante de la dette et une amélioration des prix du pétrole.
« Au 31 décembre 2024, la dette publique s’élève à 8 530,90 milliards de FCFA représentant 94,74% du PIB, légèrement en hausse par rapport à la somme de 8 516,36 milliards, soit 97,97% du PIB en décembre 2023 », selon la Caisse Congolaise d’Amortissement (CCA). La trésorerie du pays est donc « en situation de détresse, en raison de l’accumulation d’arriérés et des risques liés à la dépendance aux revenus pétroliers. » On oublie presque que le pays s’était illustré comme créancier, soutenant financièrement d’autres pays « amis et frères », il y a un peu plus d’une décennie.
Dégringolade
Au cours de la visite officielle du président ivoirien Alassane Ouattara à Brazzaville en juin 2013, le président Congolais Denis Sassou Nguesso a signé un accord de prêt de 100 milliards de FCFA du Congo à la Côte d’Ivoire. Une transaction qui avait même reçu le feu vert du FMI en octobre 2013. Ce coup de pouce devait aider le gouvernement d’Abidjan à soulager les finances publiques et à rembourser les arriérés de paiement liés à la dette intérieure au « pays des Eléphants ».
Avant la Côte d’Ivoire, le voisin de la République Centrafricaine avait déjà bénéficié de la même « largesse » de Brazzaville. Grâce à un prêt de 25 milliards obtenu en juillet 2013, le pays, en pleine transition politique, a pu combler son déficit de trésorerie. En août 2012, la main généreuse du Congo était tendue vers le Sahel ; libérant 50 milliards au profit du Niger. Quelques mois plus tôt, en décembre 2011, c’est le Tchad qui avait ouvert le bal en bénéficiant d’un prêt de 50 milliards.
Le 26 février 2022 et bien que confronté lui aussi à des difficultés économiques du Covid-19, le Congo a consenti une restructuration de cette dette à la Côte d’Ivoire pour « la rendre compatible avec les exigences du Cadre commun pour l’assistance du Tchad du G20 de telle sorte que ce programme ne soit pas bloqué parce qu’un pays frère n’a pas aligné les conditions de prêt douces que demande la communauté internationale », avait expliqué Roger Rigobert Andeley, le ministre congolais des Finances à l’époque.
Force est de constater que cette époque semble bien lointaine aujourd’hui.
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