Le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs, organisme spécialisé de l’Union Africaine, confirme le lancement de l’Agence africaine de notation de crédit fin juin 2025. Cette structure vise à évaluer d’une manière plus équitable les dettes des Etats et des entreprises africaines.
Plus que quelques semaines et l’Afrique aura sa propre structure de notation financière. Selon le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (APRM), un organisme spécialisé de l’Union Africaine (UA), de l’Agence africaine de notation de crédit (AFCRA) sera officiellement lancée fin juin 2025. L’information a été confirmée par les responsables de l’APRM au cours d’un webinaire hybride tenu en marge des Assemblées de printemps du FMI et de la Banque mondiale qui se sont achevées le 26 avril 2025 à Washington aux Etats-Unis.
Co-organisé avec Aficatalyst, le PNUD, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et la Fondation Open Society, ce webinaire le point du projet. Soutenu par la Banque africaine de développement, l’AFCRA sera indépendante. Elle s’inspire des banques centrales pour garantir sa crédibilité, avec un cadre juridique en cours de finalisation. L’agence développera des notations adaptées aux réalités africaines, intégrant l’économie informelle – qui représente 70 à 90% de l’activité – et des données alternatives comme les paiements mobiles ou l’imagerie satellite. Elle évaluera non seulement les dettes des Etats mais celles des entreprises africaines avec des données locales et l’Intelligence Artificielle.
Des partenariats avec des agences internationales sont en discussion pour renforcer sa légitimité mondiale. Selon Misheck Mutize, expert de l’UA, « l’AFCRA n’est pas là pour donner des notations favorables à l’Afrique, mais pour offrir une diversité d’opinions basée sur des données contextuelles, en évaluant des entités ignorées par les trois grandes agences. » L’ambition étant de briser la « prime de risque africaine » qui coûte au continent 74,5 milliards de dollars par an, selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
Le projet AFCRA s’inscrit dans un contexte où de plus en plus de gouvernements africains contestent les notations internationales, perçues comme biaisées. Les coûts d’emprunt atteignent 12 à 14 % pour les eurobonds, contre 3 % pour des pays comme le Vietnam. Initiée en 2018 et officialisée en 2023, l’AFCRA vise à proposer des évaluations équitables pour libérer des ressources pour la santé, l’éducation et les infrastructures. De même, l’évaluation des entreprises locales pourrait faciliter l’accès au crédit et attirer les investissements directs étrangers, un point clé pour dynamiser les économies.
Dans un rapport : « Africa’s Pulse : améliorer la gouvernance et répondre aux besoins des populations en Afrique », publié le 23 avril 2025, la Banque mondiale indique que « d’ici 2025, l’Afrique subsaharienne devrait payer environ 20 milliards de dollars d’intérêts sur l’encours de la dette extérieure contractée ou garantie par le secteur public. » Les paiements d’intérêts devraient représenter 3,4% du PIB cumulé des pays de la région en moyenne au cours de la période 2025-2027.