La récente déclaration du ministre de l’Énergie concernant une possible baisse du prix de l’électricité a déclenché une vague d’enthousiasme, rapidement transformée en confusion.
Les propos de Birame Souleye Diop, ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, ont été au centre d’une confusion médiatique majeure en avril 2025. Plusieurs médias et internautes ont cru comprendre que le coût du kilowattheure (kwh) allait immédiatement passer « de 117 Fcfa à 60 Fcfa après des réformes structurelles », selon Africa Check. Lors d’une intervention à la radio nationale début avril 2025, le ministre a effectivement évoqué cette baisse, mais dans un contexte bien précis : « L’objectif du gouvernement est de faire en sorte que ce coût, qui se situe actuellement à environ 117 Fcfa le Kwh, puisse baisser à 60 Fcfa le Kwh », a-t-il déclaré. Toutefois, cette diminution ne surviendra qu’après « plusieurs mesures à introduire et des changements à réaliser dans le secteur énergétique », précise Africa Check.
Cette promesse s’inscrit en réalité dans le cadre de l' »Agenda National de Transformation – Sénégal 2050″, document référentiel lancé en octobre 2024. Ce plan stratégique prévoit une baisse progressive du coût de l’électricité : « Notre électricité de demain sera entièrement générée par la transformation de nos ressources nationales (gaz, vent, soleil, cours d’eau). Cette énergie sera propre et compétitive, avec un prix modéré (moins de 60 Fcfa le kwh) pour les besoins des ménages et de nos entreprises et industries », mentionne le document. La feuille de route fixe des étapes intermédiaires claires : le prix moyen, actuellement « à 110 Fcfa/Kwh », devrait descendre à « moins de 80 Fcfa/Kwh d’ici 2034 », avant d’atteindre l’objectif final de « moins de 60 Fcfa/Kwh en 2050 ». Néanmoins, le Premier ministre, Ousmane Sonko, semble avoir accéléré le calendrier en déclarant devant l’Assemblée nationale, le 14 avril 2025, que le gouvernement compte atteindre ce prix « dans les cinq ans ».
Alioune Badara Camara, consultant en énergie cité par Africa Check, replace ces annonces dans leur contexte : « Les réformes structurelles en matière d’énergie ont effectivement été initiées par le régime précédent, notamment à partir de 2014, dans le cadre du Plan Sénégal Émergent (Pse) ». Ces réformes « visent à moderniser le secteur, réduire les coûts de production, attirer des investissements privés et accroître l’accès à une énergie plus propre et moins chère ». Un document stratégique élaboré avec le Millennium Challenge Corporation en 2018 prévoyait déjà une baisse du prix à 80 Fcfa/kwh, rappelle le site de fact-checking. Malick Ndaw, journaliste et consultant en énergie, ajoute qu’en 2020, « les coûts de production étaient censés baisser à 80 Fcfa/Kwh en 2023, mais la crise de la Covid, les effets du conflit ukrainien, entre autres, avaient contribué à retarder l’exploitation des ressources pétrolières et gazières ».