Selon le Groupe d’Action Financière, le système financier du Cameroun présente des faiblesses importantes en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux, au financement du terrorisme et à la prolifération des armes. L’inscription d’un pays sur la liste grise du GAFI hypothèque son attractivité économique.
Le Groupe d’Action Financière (GAFI) vient de publier une mise à jour de ses Recommandations internationales afin de mieux répondre aux risques croissants liés au blanchiment de capitaux, au financement du terrorisme et à la prolifération des armes (LBC/FT). Un constat saute à l’œil : plusieurs pays africains restent sous surveillance renforcée. Parmi les 47 pays dont l’intégrité du système financier avait été analysée à fin février 2025, on note que 25 pays figurent sur la « liste grise » dont 12 pays africains. Malgré l’accompagnement du Groupe d’action contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme en Afrique Centrale (Gabac), le Cameroun en fait toujours parti.
C’est un signal fort qui souligne les défis persistants en matière de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Selon les spécialistes, cette classification freine les investissements, alourdit les exigences de conformité et renforce la méfiance des partenaires internationaux. Malgré les engagements du gouvernement, le Cameroun, comme d’autres pays du continent (Burkina-Faso, RDC, Mali, Mozambique, Soudan du Sud, Tanzanie et Ouganda) doit encore accélérer leurs efforts pour sortir de cette liste qui pèse sur leur attractivité économique.
Parmi les décisions marquantes de cette session, les Philippines ont été retirées de la liste grise après avoir démontré des avancées significatives dans leur dispositif LBC/FT. De même, les progrès de certaines nations africaines qui avancent dans leurs réformes, comme l’Afrique du Sud et le Nigeria ont été salués. À l’inverse, le Laos et le Népal rejoignent la liste des pays sous surveillance, illustrant l’exigence accrue du GAFI en matière de conformité.
Cette évolution montre une tendance mondiale : « la pression réglementaire s’intensifie, et l’Afrique doit impérativement renforcer ses capacités en matière de supervision, de transparence et de coopération internationale », indique le GAFI. Ajoutant qu’ « il ne s’agit pas seulement de répondre aux standards du GAFI, mais surtout de protéger les économies des risques liés aux flux financiers illicites. »
Ces évolutions visent à adapter la régulation aux nouvelles menaces et à assurer une meilleure efficacité des dispositifs de lutte contre les flux financiers illicites. La mise à jour des Recommandations internationales du GAFI se traduit entre autre par la révision de 40 recommandations pour une meilleure cohérence des régulations ; des notes interprétatives pour préciser leur mise en œuvre ; un glossaire enrichi pour harmoniser les définitions et concepts essentiels.
Les pays ne pouvant pas appliquer un cadre unique, car leurs systèmes financiers et juridiques diffèrent, c’est pourquoi le GAFI adopte une approche flexible et adaptable, garantissant une mise en œuvre efficace selon les réalités nationales. Ces recommandations sont au cœur des politiques de transparence et de sécurisation du système financier international. Elles permettent d’identifier, prévenir et sanctionner les flux financiers à risque.
Les professionnels de la conformité, les institutions financières et les régulateurs doivent à présent intégrer ces évolutions et adapter leurs dispositifs afin de garantir une lutte efficace contre la criminalité financière.