Annonce faite par le Ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Gabriel Mbairobe, lors de la 4e session du comité de pilotage du projet de relance de la filière café tenue le 20 mars dernier à Yaoundé. Le Cameroun ambitionne de produire 16 000 tonnes de café lors de la campagne 2024-2025, soit une hausse de 10,3 % par rapport aux 14 500 tonnes récoltées en 2023-2024 . Un objectif qui s’inscrit dans un plan de relance doté de 25 milliards de FCFA, selon l’Office national du cacao et du café (ONCC), pour redynamiser une filière qui pesait 60 000 tonnes annuelles dans les années 1990, avant de chuter à 12 000 tonnes en 2020 (Banque mondiale). Les exportations caféières ont généré 30 milliards de FCFA en 2023, contre 220 milliards il y a vingt ans, soulignant l’urgence de la reconquête. La production ciblée se répartit entre le robusta (75 %, soit 12 000 tonnes) et l’arabica (25 %, 4 000 tonnes), avec des rendements moyens passant de 400 kg/ha à 600 kg/ha grâce à l’introduction de plants résistants. Les régions de l’Ouest (45 % de la production), du Littoral (30 %) et du Sud-Ouest (25 %) concentrent l’essentiel de l’activité. Le gouvernement a distribué 2 millions de plants gratuits en 2024 et prévoit de réhabiliter 15 000 hectares de plantations abandonnées d’ici 2026. Les subventions aux producteurs ont été augmentées de 22 %, atteignant 5 milliards de FCFA pour l’achat d’engrais et de pesticides.
Sur le marché international, le cours moyen du café camerounais s’établit à 1 800 dollars la tonne en 2024, en baisse de 12 % par rapport à 2023 (Organisation internationale du café), pénalisé par la concurrence brésilienne et vietnamienne. Pourtant, le pays mise sur des niches premium : les exportations de café arabica biologique ont bondi de 35 % en 2024, représentant 15 % des revenus totaux. Localement, la consommation intérieure a progressé de 8 %, à 1 500 tonnes, dopée par l’émergence de torréfacteurs artisanaux. Le secteur emploie directement 600 000 personnes, dont 80 % de petits producteurs, et fait vivre 200 000 familles, selon l’Institut national de la statistique (INS). Cependant, 55 % des caféiculteurs ont plus de 50 ans, reflétant un défi générationnel. Pour y répondre, 5 000 jeunes ont été formés aux techniques agricoles modernes en 2024, dans le cadre d’un partenariat avec l’Union européenne (3 milliards de FCFA investis). Parallèlement, 15 unités de transformation semi-industrielles ont été inaugurées, portant la capacité de traitement à 8 000 tonnes, contre 3 500 tonnes en 2020. Cette relance s’inscrit dans la Stratégie nationale de développement 2020-2030, qui vise à réduire la dépendance aux hydrocarbures (35 % des exportations en 2024). Le café, pilier historique, symbolise les ambitions de diversification, alors que le Cameroun table sur une croissance de 5,8 % en 2025 (FMI). Toutefois, les aléas climatiques (30 % de pertes en 2023 dans certaines zones) et la volatilité des cours mondiaux rappellent les risques structurels.