Dans quelques jours, le site de la Société nationale de raffinage (Sonara) sera transfiguré : l’actuel champ de ruines deviendra un vaste chantier où fourmillent des centaines d’ouvriers. En effet, après plus de deux années de travaux, l’étude de faisabilité technico-économique et financière approfondie de l’option 3 relative a une raffinerie complexe disposant d’une unité d’hydrocraquage assortie des plans et design de la nouvelle raffinerie a été validée par le président de la République. La nouvelle est officielle depuis le 27 février 2025. Cette étude vient compléter le plan de restructuration de la Sonara validé par le gouvernement en septembre 2022.
A date, le gouvernement dispose donc de toute information pertinente pour la reconstruction des unités détruites lors de l’incendie du 31 mai 2019, et la finalisation du projet « Sonara 2010 ». Il s’agit notamment des études de faisabilité (Etude APS) et des études dites FEED (Front End Engineering and Design) par composante.
L’étude de faisabilité va permettre dans un premier temps, d’élaborer un plan d’exécution et un planning détaillé du FEED qui serviront de lignes directrices pour cette phase de projet. Le projet stratégique de la Sonara étant de type « Brown field » ou de réhabilitation/reconstruction, cette étape renseigne sur « les bases techniques des études (Business Case, Bilans matières et configuration de la nouvelle raffinerie complexe, rendements et performances des unités, Spécifications des charges de la raffinerie, spécifications des produits raffinés, données générales des unités de procédés) ; les bases économiques et financières des études (prix des charges, prix des produits, le marché, le coût des utilités, l’implantation ; les facteurs et paramètres financiers tels que le Business plan, Investissement, remboursement, Impôts et Taxes, charges, personnel, etc.) », explique le directeur général de la Sonara.
Que les travaux commencent
Quant aux études dites FEED, elles jouent un rôle crucial pour la bonne préparation des investissements et pour une exécution réussie du projet tout en identifiant les risques. Dans le cadre de la réhabilitation/reconstruction de la Sonara, cette phase est constituée de trois composantes à savoir : les études FEED pour la finalisation des unités de la phase 1 du projet d’extension et modernisation de la Sonara ; les études FEED pour la reconstruction, le degoulottage et le revamping des unités sinistrées, tout en tenant compte des goulots existants et du redémarrage progressif des installations au fur et à mesure de leur réhabilitation ; les études FEED pour les nouvelles unités de conversion (Hydrocraqueur, ISOM, HDS et variante bitume).
Les études FEED ont été réalisées par les entreprises Chemex Global LLC (États-Unis) et Performance Plus Innovation (France), retenues en 2023 par le gouvernement. Selon des sources proches du dossier, le Secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, a entamé des discussions en juin 2024 avec l’entreprise portugaise Cimontubo pour réaliser les travaux de rénovation.
Mais « suite aux nouvelles instructions de monsieur le président de la République, la responsabilité de conduire le projet de réhabilitation-restructuration de cette entreprise, en qualité de maître d’ouvrage, a été confiée à monsieur le directeur général de la Sonara », précise le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba.
Sonara 2010, le rêve reste permis
L’achèvement du projet « Sonara 2010 », qui avait débuté en 2008, permettra, grâce à l’installation d’un hydrocraqueur qui permettra de mieux raffiner les bruts lourds du Cameroun et de la sous-région, de réduire de 45% à 7% les pertes induites par l’utilisation de l’ancienne infrastructure. Outre la transformation du fioul lourd du Cameroun, le projet « Sonara 2010 » doit rendre possible la fabrication sur place du bitume à base de résidus de pétrole.
Pour rappel, avant l’incendie qui a détruit quatre de ses 13 unités de production le 31 mai 2019, la raffinerie avait achevé sa première phase d’extension et de modernisation, dans le cadre du projet « Sonara 2010 ». Ce qui portait ainsi ses capacités de raffinage des produits pétroliers de 2,1 millions à 3,5 millions de tonnes par an. Montant de l’investissement : 380 milliards FCFA. Les premiers litres de fioul lourd du Cameroun devaient être produits après cette phase I à partir de décembre 2018, avait annoncé le gouvernement, qui a finalement reporté cette échéance sine die, jusqu’au drame de mai 2019.