Le ministre en charge des Forêts et de la Faune (Minfof), Jules Doret Ndongo, a présenté au personnel dont il a la charge les principales articulations devant guider leur action pour la nouvelle année. S’exprimant le 30 janvier, à l’occasion de la cérémonie d’échange des vœux tenue à l’École nationale des eaux et forêts de Mbalmayo, il a indiqué que les défis auxquels son département est confronté, notamment ceux liés aux changements climatiques, à la conservation de la biodiversité et à la gestion de la faune, sont nombreux et complexes.
S’agissant d’abord des doléances relatives à l’amélioration des conditions et du cadre de travail, régulièrement présentées par le personnel, Jules Doret Ndongo a tenu à rappeler que ces préoccupations sont communes, et donc que la hiérarchie du Minfof n’aura de cesse de trouver des solutions appropriées, gage de l’amélioration des performances et, partant, de l’exécution satisfaisante des missions elle confiées par le président de la République, Paul Biya.
Engageant ses collaborateurs à persévérer dans l’ardeur, l’engagement et la détermination pour le travail bien fait, le Minfof a martelé que n’est que de cette façon que ce ministère pourra relever les défis et atteindre ses objectifs. D’où l’impérieuse nécessité de faire montre d’une solidarité exemplaire et d’une collaboration franche et étroite, dans l’exécution des taches.
L’année, au Minfof, consacrera l’appropriation de la nouvelle loi portant régime des forêts et de la faune. Promulgué le 24 juillet 2024, ce texte, d’ores et déjà en vigueur, se veut la traduction de la nouvelle politique forestière et faunique du Cameroun. Et, si l’élaboration de ses textes d’application constitue une préoccupation majeure, il ne s’agit point, a déclaré Jules Doret Ndongo, d’attendre la publication de ses textes d’application pour la mettre en œuvre, au risque d’être en déphasage avec la légalité dans l’exercice des activités quotidiennes du département. «Il me semble important de faire ce rappel : nous devons toujours agir conformément à la loi ; toujours agir sous le couvert de la légalité, tel est le credo à l’application duquel je vous convie au quotidien dans l’exercice de vos activités», a exhorté le ministre.
Changements climatiques
S’agissant du deuxième défi d’ordre général et transversal à tous les acteurs du sous-secteur forêts-faune, évoqué le 31 décembre par le président Paul Biya, le Minfof a évoqué les changements climatiques, considérés comme un enjeu mondial de taille. Dans ce cadre, le Minfof a un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre ces désordres à travers la promotion de la gestion durable des ressources naturelles. «La lutte contre les changements climatiques se décline au plan sectoriel par préservation des zones forestières encore intactes et la restauration des zones dégradées, a précisé M. Ndongo. C’est un vaste champ d’activités qui requiert la mobilisation de toutes les énergies.»
Déplorant l’absence de financement du programme national de développement des plantations forestières, le ministre a appelé à des actions de promotion dudit plan auprès des collectivités territoriales décentralisées, considérés comme des acteurs idéaux de la coopération décentralisée et qui doivent prendre le relais des actions gouvernementales, notamment celles visant les défis climatiques. Il est impératif, pour le Minfof, de mesurer la portée des changements climatiques et leur impact sur les forêts et la faune du pays. Citant par ailleurs l’impact du phénomène des migrations des populations dans la partie septentrionale du pays, Jules Doret Ndongo a mentionné que ces mouvements accélèrent la dégradation de l’environnement, l’occupation des couloirs de migration de la faune, perturbent les écosystèmes et aggravent, ce faisant, le conflit homme/faune.
Après avoir salué les synergies gouvernementales avec les administrations sectorielles, notamment le ministère de la Défense (Mindef) avec lequel son département conduit des actions conjointes d’envergure sur le terrain dans le cadre de la sécurisation des aires protégées et la lutte contre le braconnage, le Minfof a embrayé avec le volet aménagement et renouvellement de la ressource forestière.
Gestion durable
Sur ce chapitre, et en 2025, il a indiqué que les principales activités projetées comprennent la finalisation du processus de classement d’au moins une forêt du domaine forestier permanent, toute chose impliquant une évaluation minutieuse de ses caractéristiques écologiques, de sa biodiversité et de sa valeur économique.
En termes d’autres activités, il sera notamment effectué le suivi des paramètres d’aménagement des forêts de production, à l’effet de garantir une gestion durable des ressources tout en assurant une régénération adéquate des peuplements. A cette activité, va s’ajouter le suivi de l’élaboration, de l’approbation et de la mise en œuvre des plans d’aménagement des forêts du domaine forestier permanent, celui du classement des forêts de production, de l’évolution du couvert forestier, la poursuite du processus de bornage et d’immatriculation des forêts classées, la continuation du déploiement de la deuxième phase du Système intégré de gestion des informations forestières (Sigif), dont l’objectif est d’améliorer le système de vérification de la légalité et de la traçabilité des bois du Cameroun. D’autres actions concernent la contribution à la restauration des paysages forestiers, l’appui au reboisement dans certaines communes du territoire national ainsi que le développement des plantations dans les réserves forestières et périmètres de reboisement.
La validation des plans d’aménagement n’est pas en reste, a poursuivi le Minfof, considérant celle-ci comme cruciale pour s’assurer de leur conformité à la réglementation en vigueur, et à l’atteinte des objectifs de production durable. Sans oublier l’acquisition d’équipements de pointe dédiés au suivi et à la réception des inventaires forestiers, laquelle permettra une collecte des données de production non surfaites ou surestimées, mais plus précises et conformes à la réalité.
Promotion d’essences
Dans le domaine de la valorisation des ressources forestières ligneuses et non ligneuses, la volonté du législateur de mettre un terme à l’exportation des bois sous forme de grumes, la lutte contre l’exploitation illégale des bois et le souci constant de rechercher d’autres niches de revenus, tout en créant des plus-values sur les ressources exploitées, demeurent les grands marqueurs qui guideront l’action du Minfof en 2025. Ledit département entend ainsi poursuivre, en les intensifiant, la promotion des essences peu ou pas connues, les techniques de valorisation du bois, notamment par la formation accrue des artisans, le développement de la filière bois-énergie ainsi que des filières des produits forestiers non ligneux.
En matière de sécurisation et de valorisation des ressources fauniques et des aires protégées, le Minfof, en 2025, entend poursuivre la lutte contre le braconnage et la criminalité faunique, accélérer et généraliser la mise en œuvre des plans d’aménagement, accroître les efforts du maintien de l’intégrité des aires protégées contre les divers empiètements, notamment la transhumance, l’orpaillage et l’agriculture, multiplier les réflexions en cours, visant à trouver des solutions durables à l’épineux problème des conflits homme/faune.
Dans le domaine de la formation, Jules Doret Ndongo a engagé les institutions placées sous sa tutelle, en plus de poursuivre avec leurs activités pédagogiques classiques et les reformes déjà engagées, à s’affirmer comme de véritables laboratoires de veille thématiques et technologiques sur tous les sujets émergents en lien avec la gestion durable des forêts et de la faune. Il a également annoncé l’entrée en lice de nouveaux partenariats, notamment avec la Banque mondiale et la Coopération britannique, précisant que le Minfof, avec l’assistance du ministère des Relations extérieures, «est ouvert à toutes formes de coopération ‘’gagnant-gagnant’’».
Bilan
Des performances en demi-teinte
Le secrétaire général du Minfof a présenté une performance ministérielle en baisse de 4,13%.
Le Programme 054, dédié à l’aménagement et au renouvellement de la ressource forestière, a au 31 décembre 2024 enregistré un taux de réalisation de 60,9%, a déclaré le secrétaire général du ministère des Forêts et de la Faune (Minfof), Joseph Nyongwen. Avec pour objectif d’assurer la gestion durable des forêts, avec pour indicateurs la superficie des forêts aménagées, et les ressources générées par la gestion durable des forêts, il a permis, pendant cette période, la mise sur le marché de 3.589.175m3 de bois légal, soit un taux de réalisation de 143%.
S’agissant des forêts communales et communautaires en production, leur superficie a été portée à 54.665ha, représentant un taux de réalisation de 80,39%. Dans le même ordre d’idées, l’augmentation des surfaces reboisées, dans les concessions aménagées de 2000ha, s’est affichée à 825ha au 31 décembre 2024, soit 41,25% de taux de réalisation. Concernant l’amélioration des performances du programme à travers la tenue de 12 dialogues de gestion, et sur la période considérée, 10 dialogues de gestion ont été tenus, soit un taux de réalisation de 83,3%.
Lors de son allocution de circonstance, à l’occasion de la cérémonie de vœux de nouvel an tenue à l’Ecole nationale des eaux et forêts de Mbalmayo, Joseph Nyongwen a révélé que ledit Programme avait reçu une dotation de l’ordre de quelque 3,8 milliards de francs, contre un peu plus de 5,2 milliards en 2025.
S’agissant du Programme 058, qui porte sur la valorisation des ressources forestières ligneuses et non ligneuses, il a bénéficié d’une enveloppe de quelque 2 milliards de francs en 2024, contre plus de 2,3 milliards cette année. Au 31 décembre 2024, son état de mise en œuvre présentait un taux de réalisation de 65,89%.
Environnement sécuritaire
Évoquant le Programme 060, qui porte sur la gouvernance et l’appui institutionnel dans le sous-secteur forêts et faune, M. Nyongwen a indiqué que son état de mise en œuvre, à fin décembre 2024, présentait un taux de réalisation de 86,33%. Il disposera d’un budget de plus de 11,3 milliards de francs en 2025 contre environ 9,9 milliards un an auparavant.
Globalement, la performance ministérielle s’élève à 70,14% contre 74,27 % en 2023, soit une baisse de 4,13%. La même baisse de rendement, de 18,16 % par rapport à 2023, a concerné les activités de la Feuille de route.
En termes d’écueils justifiant cet état de choses, le secrétaire général du Minfof a cité l’absence de financement spécifique dédié à la régénération de la ressource forestière, le faible recouvrement des recettes propres suite à la redéfinition des nouvelles niches des comptes d’affectation spéciales, et le non reversement de la quote-part du produit des taxes, l’environnement sécuritaire dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, la situation du dossier relatif au statut particulier du personnel du corps des eaux et forêts. Dans le même ordre d’idées, figurent le faible niveau d’investissement dans le développement de l’écotourisme dans les aires protégées, l’inadéquation entre les budgets alloués, le volume de travail et les activités à réaliser, la vétusté du parc automobile du Minfof ou encore l’effectif limité du personnel technique dédié aux métiers du sous-secteur des forêts et de la faune.
Si le secteur faunique constitue un levier potentiel pour la croissance économique du Cameroun à travers les opportunités énormes qu’il offre en termes de création de richesses et d’emplois, il n’en demeure pas moins que les opérateurs économiques de cette filière éprouvent d’énormes difficultés dans la gestion quotidienne de ces territoires de chasse, malgré les efforts que votre département ministériel ne cesse de déployer. Leur représentant à la cérémonie de vœux, Essaie Kouryana a, entre autres difficultés, cité a transhumance des bovins dans l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord, le braconnage à but commercial qui détruit la faune, l’orpaillage dans les aires protégées. Il a également mentionné l’insécurité dans les zones de chasse, sans oublier la destruction massive de l’habitat de la faune par la fabrication du charbon de bois.
Recyclage
Insignes de grades à 425 personnels
Le renforcement des aptitudes et capacités au combat constitue un impératif catégorique, pour les agents des eaux et forêts.
L’échange des vœux au Minfof, qui a eu lieu le 30 janvier à l’école nationale des eaux et forêts de Mbalmayo, a également servi de prétexte à une cérémonie solennelle du port des insignes de grades à 425 personnels des eaux et forêts. Il s’agissait, ainsi que le veut la tradition, de la reconnaissance par la hiérarchie et la nation du travail acharné et de nombreux sacrifices consentis, et donc la célébration de la concrétisation de l’engagement des concernés envers l’État et la nation.
«Le port des insignes n’est pas seulement un honneur, mais aussi une lourde responsabilité que vous devez assumer avec sérieux et engagement», a rappelé à l’intention des récipiendaires le chef de département, Jules Doret Ndongo, mettant un accent particulier sur l’importance de la discipline au sein des rangs, pilier sur lequel repose le fonctionnement des corps de cette nature, les corps des personnels en tenue.
Selon le Minfof, le renforcement des aptitudes et capacités au combat constitue un impératif catégorique. Il s’agit, a-t-il indiqué, du gage de la capacité à préserver efficacement l’intégrité des espaces dont ces paramilitaires doivent assurer la protection. C’est aussi le gage, a poursuivi leur hiérarchie, de leur propre survie face à des braconniers déterminés, face à des criminels de tous bords, adeptes de la violation permanente des lois forestières et fauniques.
A l’occasion, Jules Doret Ndongo a relevé que «le braconnage est devenu de nos jours un véritable problème de sécurité nationale au regard des armes de guerre et autres matériels sophistiqués qu’utilisent les braconniers et au regard de leur organisation en réseaux de criminels transnationaux». Le ministre en a profité pour adresser ses sincères remerciements à son collègue de la Défense (Mindef) et au délégué général à la Sûreté nationale (Dgsn), pour avoir mobilisé leurs personnels d’une part, et mis à la disposition du Minfof la logistique nécessaire pour la réussite de la cérémonie de Mbalmayo.